PROCES-VERBAUX

DF. LA

DE BORDEAUX

FONDEE LE 25 JUIN 1818

et reconnue comme établissement d'utilité publique

par Ordonnance Royale du 1o juin 18 2#

Hôtel des Sociétés savantes

Euh du Loup, 71

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TOME XCVIII

1959-1960

BORDEAUX

IMPRIMERIE E. DROUILLARD

3, PLACE DE LA VICTOIRE, 3

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PROCÈS-VERBAUX

DE LA

DE BORDEAUX

FONDÉE LE 25 JUIN 1818

et reconnue comme établissement d’utilité publiqu

par Ordonnance Royale du 1b juin 18 28

Hôtel des Sociétés savantes

Hue du Loup, 71

TOME XCVIII

1959-1 900

BORDEAUX

IMPRIMERIE E. DROUILLARD

3, PLACE DE LA VICTOIRE, 3

L

EXTRAITS

UES

PROCÈS-VERBA UX

Séances de la Société Linnéenne de Bordeaux

1959

CONSEIL D’ADMINISTRATION pour 1959

Préaident

Vice-Président

Secrétaire Général . . . Secrétaire du Conseil Trésorier

MM.

Baudrimont (A.). Bounhiot, (J. -J.). Eymé (J.). Lahargue (J.). Dagrkou (Ch.).

Archivistes

Conseillers

\ Dudrouii..

| Larroque (M.).

IAvel (M.). Dangeard (P.). (ilRARl) (R.).

Tempère (G.). Vigneaux (M.).

I’ROCÈS- VERBAUX

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Réunion du lO janvier 1959

Présidence de M. le Docteur A. Baudrimont, Président.

Communications. M"p Barreau : A propos de la recherche microchimique de l’amidon dans les grains de pollen : influence de l’altitude.

M. Lacoste- Lagrange signale la présence d’un crabe chinois capturé dans une grotte à Yilleneuve-de-Rions (Gironde), à envi- ron 400 m d’un cours d’eau.

M""' Séron ie-Vivien présente des échantillons de sables du Périgord.

M. Eymé présente un échantillon de Dri/as octopelala à fleurs doubles que lui a transmis M. Joanicot, de Bordeaux. Les Dri/as portent en général huit pétales; or deux populations distantes d’environ 0 à 7 km, repérées par M. Joanicot en vallée d’Ossau, dans les Basses-Pyrénées (pic d’Estremère et sommet des pitons du Saouhite), à environ 1 800 m, sont constituées de pieds dont toutes les fleurs portent de seize à vingt-deux pétales; ce s pétales sont légèrement plus courts que dans le type.

M. Bion : Découverte d’un phoque en Gironde.

Le lieu de la découverte se situe à Salles (Gironde), près du pont de l’Eyre, dans la même rivière, 18 km du Bassin d’Arca- chon et 40 km environ du Cap-Fcrret (Océan Atlantique). Le 9 octobre 1956, des cris poussés par un animal inconnu éveillè- rent la curiosité d’un habitant de Salles. C’est malheureusement au fusil qu’il entreprit de chasser la malheureuse bête. Passant juste- ment dans la région pour son travail, l’auteur se rendit précipi- tamment sur les lieux, mais lorsqu’il arrivait l’animal avait déjà succombé aux nombreux coups de chevrotine.

M. Bion s’excuse de présenter si tardivement cette trouvaille; si cela est chose assez courante dans cette région de l’Atlantique, il n’est pas moins vrai que la remontée de l’Eyre par un phoque sur une vingtaine de kilomètres n’a encore jamais été signalée à notre connaissance. Le courant froid a sans doute incité l’animal à suivre ce cours d’eau, mais la faible profondeur et les nombreux bancs de sable au niveau de Salles lui furent néfastes. 11 s’agissait d’un Phoca uilulina de belle taille (1.30 m de long et plus de 45 kg). Une collection de diapositives en couleurs illustre ce court exposé.

Historique de diverses captures en Gironde

En 1890, en Charente-Maritime, un sous-brigadier des douanes signale dans un rapport quotidien la découverte d’un phoque.

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SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX

En 1897, on donne la chasse à un de ces animaux en Gironde, et l’on en capture un près de Cap Verne.

En 1899, la capture d’un Phoca vitulina est signalée par M. Bau- douin (Secrétaire Général de la S. P. F.) à l’île d’Yeu (Vendée).

A cette époque, il est déjà signalé que des phoques remontaient la Loire.

Le 23 novembre 1907, une tentative de capture en Gironde a été signalée à notre Société en séance du 17 décembre 1907, par F. Daleau.

Depuis cette époque, de nombreux phoques furent capturés avant la trouvaille d’octobre 1950. C’est ainsi que deux d’entre eux furent amenés au Musée de la Mer, à Biarritz, et un autre fut capturé en décembre 1957 sur la plage du Pylat (mourut mi-jan- vier 1958), tandis qu’un dernier fut ramassé épuisé sur la plage du Porge. Si les déterminations zoologiques ne furent pas toujours possibles, il semble que très souvent ce soient des Phoca vitulina que nous trouvions dans nos régions.

M"n Paquereau : La Palynologie. - Méthodes et applications PL

La Palynologie, méthodes et applications

Par Marie-Madeleine Paquereau

La Palynologie se range parmi les méthodes statistiques qui permettent de suivre les modifications du milieu, au cours des temps quaternaires. Elle a pour but de reconstituer la couverture végétale d’une région à une époque donnée et les successions forestières sur de vastes étendues.

Cette discipline fait l’objet de recherches de plus en plus nom- breuses et apporte aux sciences préhistoriques un appui si fructueux que Bytz a dit fort justement : « dorénavant aucune fouille ne sera complète si l’analyse pollinique du terrain est négligée ».

C’est Edmond Bertrand qui, en 1899, utilisa pour la première fois cette méthode, en étudiant les pollens contenus dans une tourbe quaternaire du Nord de la France.

En 1908, les très importants travaux de Von Post, sur les tour- bières du Sud de la Suède, constituent la première grande appli- cation systématique de cette science.

C’est à un autre Suédois, Gunnard Erdtman, que l’on doit l’extension et le développement de la méthode.

Actuellement, la Palynologie est appliquée avec succès en diver- ses parties du globe. Elle constitue une discipline nouvelle, réglementée par des conventions internationales établies au cours de récents congrès. Il faut noter que le terme d’analyse pollinique

(1) N. D. L. R. Cet article, communiqué le 2 février 1958, aurait normalement se trouver dans les P.-V. t. 97.

PROCÈS-VERBAUX

I

est remplacé, de plus en plus, par celui de Palynologie créé par Rytz en 1944, pour désigner l’étude des pollens et des spores conservés dans les sédiments et les applications qui en résultent.

T. MÉTHODES ET TECHNIQUES

Ec principe de la Palynologie repose sur la conservation, dans les sédiments, de certains éléments végétaux tels que les grains de pollen et les spores. L’extraordinaire résistance de leur enveloppe externe cutinisée et la permanence de ses caractères morphologiques permettent la détermination des genres et parfois des espèces.

Parmi les nombreux pollens et spores qui tombent en « pluie pollinique » à la surface du sol, des tourbières ou des lacs, certains se trouvent enfouis au cours de l’édification d’un sédiment et sont ainsi conservés. Leur détermination et leur dénombrement, dans un échantillon de sédiment, permettra d’établir la composition moyenne de la « pluie pollinique » à l’époque le dépôt se constituait. On peut ainsi reconstituer la couverture végétale d’une région à une époque donnée.

A. Prélèvement des échantillons sur le terrain

11 importe d’y apporter un maximum de soins et de propreté afin d’éviter absolument tout apport de pollens actuels ou prove- nant d’autres niveaux.

Si les prélèvements sont faits sur un allleurement, la surface des couches doit être décapée et le prélèvement effectué avec un instrument parfaitement nettoyé.

Le plus souvent, il est nécessaire de pratiquer des sondages. On utilise alors des sondes spéciales permettant de prélever un échantillon à. un niveau précis en évitant tout contact avec les autres niveaux. Il existe trois types de ces sondes : sonde de Hili.er, de Lunz et de Dachnowsky. Les prélèvements doivent être effectués de 10 en 10 cm. Chacun sera conservé dans un tube ou une enveloppe de papier imperméable, en notant avec soin la profondeur.

B. Traitement des échantillons au laboratoire

Les échantillons sont soumis à différentes méthodes de traite- ments mécaniques et chimiques, variant suivant la nature du sédiment. Dans tous les cas, il sera d’abord homogénéisé par malaxage ou pulvérisé au tamis.

1" Traitements chimiques. Dans le cas d’une tourbe, on applique la méthode des alcalis créée par Dubois en 1932. 1 cm3 de tombe est porté à l’ébullition pendant dix minutes avec une

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SOCIÉTÉ I.I N N HENNE DE HORDEAUX

solution de potasse ou de soude à 10 p. 100. On élimine ensuite la solution humique brune par centrifugations et décantations successives.

Plus récemment, Erdtman a mis au point une méthode permet- tant une plus grande concentration des pollens et des spores. Cette méthode est dite de l’acétolyse-chloration. L’opération s’effectue en deux temps : d’abord oxydation des lignines et acides humiques par le chlore naissant, puis hydrolyse des celluloses, ou acétolyse, par action d’un mélange d’anhydride acétique et d’acide sulfurique; puis lavages et centrifugations.

Dans le cas de sédiments calcaires on élimine les carbonates par action de l’acide nitrique ou chlorhydrique, à chaud.

Les sédiments siliceux : sables, argiles, etc... sont traités par 1 acide fluorhydrique, dans un creuset de cuivre ou de platine.

Dans tous les cas, on applique ensuite l’aeétolyse-ehloralion pour concentrer les pollens.

Traite ment s mécaniques. - On sépare les particules orga- niques et minérales par différence de vitesse de sédimentation dans le tétrachlorure de calcium. Les pollens restent à la surface avec les particules très fines.

Pour le matériel sableux, on peut utiliser un filtre en tissu qui retient les éléments minéraux les plus gros et laisse passer les pollens.

A la suite de ces divers traitements, le sédiment est monté à la gélatine glyeérinée, entre lame et lamelle, puis examiné au microscope. Nous arrivons maintenant à la partie la plus délicate, l’identification des pollens et des spores.

La détermination générique offre peu de difficulté, il en va différemment pour les espèces dont la détermination est cependant extrêmement utile et seule vraiment significative au point de vue écologique et paléo-climatique.

Pour parvenir à une déterminaion précise, différents critères sont utilisables, mais tous ne présentent pas la même valeur.

La taille des grains de pollen et des spores constitue un carac- tère auquel il serait dangereux d’attacher trop d’importance. En effet, elle peut être modifiée par des facteurs externes tels que : nutrition, origine géographique, polyploïdie, etc...

Des éléments de détermination plus sûrs sont offerts par le nombre et la morphologie des orifices (pores et sillons) à partir desquels des types devenus classiques ont été définis.

C’est cependant la structure fine de l’exine et son ornementation qui apportent les indications les plus sûres.

IL INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS

Les différents genres et espèces étant identifiés, il faut établir leur pourcentage pour chaque échantillon. L’ensemble de ces

PROCÈS-VERBAUX

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proportions constitue, suivant le terme créé par Jessen en 1917, un spectre poil inique.

Les pourcentages sont établis par rapport à l’ensemble des espèces forestières (noisetier et saule non compris). Il faut compter au moins 150 grains de pollen pour avoir des résultats ayant quelque valeur.

A partir des chiffres obtenus, pour les différents niveaux d’un dépôt, on établit des graphiques ou diagrammes polliniques sur lesquels les profondeurs et les pourcentages sont portés, respective- ment, en abscisses et en ordonnées. Chaque espèce ou genre est figuré par un symbole, au point correspondant à son pourcentage pour chaque niveau; on réunit ces points par des droites. On établit séparément les graphiques relatifs aux espèces herbacées et aux cryptogames vasculaires.

On peut utiliser un autre mode de représentation pour comparer rapidement des spectres polliniques contemporains, dans différen- tes localités. Sur une carte, à l’emplacement de chaque localité, on trace un cercle découpé en autant de secteurs qu’il y a d’espèces représentées, leur surface est proportionnelle au pour- centage de l’espèce correspondante. Le Noisetier est représenté par une couronne externe.

Si l’on a obtenu des résultats assez nombreux pour une région donnée, on peut établir des cartes de fréquence pour l’époque correspondante. Les localités une espèce présente la même fréquence peuvent être réunies par une ligne dite isopollinique.

HT. APPLICATION DE LA MÉTHODE PALYNOLOGIQUE

C’est essentiellement pour reconstituer les successions forestières au quaternaire, que cette méthode a été conçue tout d’abord et surtout en vue de l’histoire post-glaciaire de l’Europe du Nord.

Dans les contrées occupées par les glaces, au quaternaire, les tourbières se sont installées depuis le retrait des derniers glaciers. Elles sont donc post-glaciaires ou flandriennes. Leur étude palyno- logique met en évidence les variations forestières et climatiques, à cette époque.

Les travaux de Von Post, de Blytt et Sernander, pour ne citer que les principaux, ont mis en évidence des phases paléo- sylvatiques absolument générales.

On distingue huit phases successives :

1" Phase snb-arclique : toundras à Dryas ociopetala, Hippophaë rhamrioides, Salix, Relula noua.

Cette période est caractérisée par une nette prédominance des espèces herbacées par rapport aux espèces arbustives.

Dans de nombreuses localités une brusque amélioration clima- tique s’intercale dans cette période. C’est l’oscillation dite d’Allerod,

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SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX

marquée par l'extension des forêts dont la limite remonte vers le Nord. Cette variation chaude se place environ entre 10.000 et 9.000 ans avant Jésus Christ.

Phase pré-boréale : développement des forêts de Pins et de Bouleaux, le Bouleau étant dominant.

Phase boréale : au cours de laquelle les forêts continuent à se développer avec cette fois un maximum du Pin sur le Bouleau.

Phase boréale du Noisetier : vers la fin de la phase précé- dente, on observe, en Europe moyenne, un très net maximum du Noisetier, qui dépasse 100 % dans les diagrammes. En même temps, une nouvelle occupation forestière commence à apparaître. Elle est caractérisée par l’association : Chêne, Orme, Tilleul, et dite Chênaie-mixte.

Phase atlantique : la Chênaie-mixte atteint son développe- ment maximum, son aire d’extension coïncidant avec celle du maximum du Noisetier. Cette phase est encore appelée : optimum climatique.

Phase sub-boréale : un nouveau refroidissement entraîne une régression progressive de la Chênaie-mixte et le développement du Pin, du Sapin et du Hêtre s’étendant peu à peu des hautes montagnes jusqu’à la Manche et la mer du Nord.

Phase sub-atlantique : climat plus humide et frais, extension du Hêti 'e dans les plaines et les basses montagnes.

Parallèlement, dès le refroidissement, l’Epicéa s’étend vers l’Ouest, repoussant la forêt de feuillus vers le Sud.

Phase terminale diversifiée : l’histoire sylvatique post-glaciaire se termine par une phase diversifiée, marquée sur les diagrammes par une importante élévation des pollens herbacés et l’apparition d’espèces nouvelles. Ces modifications reflètent l’action de l’homme et sont le résultat du déboisement et de l’introduction d’espèces exotiques.

En France, les principales recherches ont été effectuées par Lemee, M. et Mme Dubois et leurs élèves (M"1’ Sauvage, M"e Becker, M. F irtion). Ces chercheurs ont abouti à des résultats parallèles, dans les grandes lignes, à ceux des Scandinaves. Dans cet ensem- ble, on peut distinguer un faciès de montagne et un faciès de plaine.

Le faciès de montagne est caractérisé par le développement de la poussée du Noisetier souvent dédoublée, et celui de la Chênaie-mixte. L’Epicéa fait totalement défaut.

Le faciès de plaine semble souvent plus diffus avec de faibles variations des pourcentages aux différents niveaux. Cependant, cette uniformité n’est peut-être pas aussi grande qu’on l’admet en général. On peut penser qu’au début du post-glaciaire, les plaines

PROCÈS- VERBAUX

il

françaises offraient une végétation assez uniforme, mais ensuite il s’est produit une rapide différeneiation car les aires de refuge devaient être beaucoup plus nombreuses qu’en Scandinavie et il a s’établir très vite un paysage beaucoup plus varié.

Quant à l’histoire forestière des périodes inter-glaciaires en Europe, les observations les plus complètes sont relatives à l’Alle- magne du Nord, la Pologne, et plus récemment l’Angleterre et l’Irlande. Des sondages dans la région de Berlin ont permis l’ana- lyse pollinique de tourbes inter-glaciaires. Ün a pu mettre en évidence deux inter-glaciaires encadrés par trois glaciations. L’histoire climatique pendant chaque inter-glaciaire a suivi une évolution comparable à la période post-glaciaire : phase de réchauffement à Bouleaux et Pins, optimum climatique de la Chênaie-mixte et du Noisetier, puis refroidissement avec successi- vement Epicéa, Pin sylvestre et Bouleau.

La Palynologie trouve encore une remarquable application dans la synchronisation des grands phénomènes quaternaires. La succes- sion des phases climatiques, dans une région donnée, permet de dater les phénomènes présentant des relations étroites avec les dépôts pollinifères.

Ainsi on a tenté d’établir des relations chronologiques entre les phases forestières et les variations du niveau marin. Des bancs tourbeux ou « forêts submergées » se rencontrent fréquemment en bordure des côtes d’Europe occidentale. Leur étude palynologique et archéologique permet de les dater assez exactement. Sur les côtes de la mer du Nord, dans des alluvions d’estuaire ou sur le fond marin, on a recueilli des échantillons se rapportant à la phase pré-boréale et datés de 8.000 ans avant Jésus Christ. De telles études permettent de préciser également les étapes de la transgression flandrienne.

C’est à G. Dubois que l’on doit les premières applications de la Palynologie à la chronologie flandrienne. Il a pu évaluer la vitesse annuelle de l’ascension marine jusqu'au niveau actuel. Cette vitesse était de 2 mm en Flandre, il a trouvé des valeurs voisines sur la côte de la Manche.

L’histoire de la mer Baltique a été synchronisée avec précision à la fois avec les phases climatiques et les industries préhisto- riques. Les résultats peuvent se résumer de la façon suivante :

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Baltique encore occupée par les glaces.

8.000

Sub-arctique à Toundra.

Allerod.

Fin Toundra.

Fin du Paléolit i- que.

Mer à Yoldia.

Préboréale.

Pin-Bouleau.

Lac à Ancylus.

Fin Préboréal. Maximum du Pin.

Mésolithique.

Mésolithique.

Lac à Ancylus.

6.000

Maximum Boréal du noi- setier.

Mer à Littorina.

Atlantique.

Extension et maximum chênaie - mixte puis régression.

Néolithique.

Mer à Limnaea.

2.000

Sub-boréal.

Début Pin et Hêtre. Epicéa.

Bronze.

Fer.

Mer à Mya.

+ 1.000

Sub-atlantique.

Hêtre.

Extension de l’Epicéa vers l’Ouest.

Forêt diversifiée.

La méthode palynologiquc permet également de reconstituer les étapes de l’édification des tourbières, donc de dater celles-ci. Elle permet encore la datation des sols, ce qui est souvent impos- sible par la Pédogenèse. L’analyse pollinique peut encore aider à l’étude des dépôts morainiques. 11 ne faut pas négliger les impor- tantes corrélations paléontologiques que permet cette méthode, par exemple celle établie en Irlande entre les dépôts de tourbes de l’oscillation d’Allerod et les restes de Cervus Menaceras.

CONCLUSION

Ce résumé des résultats acquis par la méthode palynologiquc démontre sa valeur en tant que méthode d’étude du milieu quater- naire. On peut fonder de grands espoirs sur le développement de cette méthode, en particulier en France de vastes régions restent encore à étudier. Par ses méthodes et ses applications, la Palynologie est en relation à la fois avec la Géologie, la botanique et la Préhistoire. Nous souhaitons qu’une collaboration toujours plus étroite entre les chercheurs de ces différentes disciplines permette le développement et le meilleur avenir de la Palynologie en France.

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BIBLIOGRAPHIE O)

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Séance inaugurale du 7 février 1959

Présidence de \1. le Docteur A. Baudrimont, Président.

Communications. M. Grosclaide : Le « plomb» des arbres fruitiers provoqués par le Slereurn purpureum.

Le plomb des arbres fruitiers est une maladie connue déjà depuis la fin du siècle dernier, mais son extension subite lors des

(1) La bibliographie palynologique étant actuellement extrêmement vaste, nous nous bornerons à citer ici les principaux ouvrages ou articles contenant eux-mêmes une importante bibliographie.

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SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX

dernières années a amené l’auteur à y consacrer une partie de ses travaux à la Station de Pathologie Végétale du Sud-Ouest (I.N. R. A. - Pont-de-la-Maye [Gironde]).

Cette maladie grave puisqu’elle aboutit à la mort de l’arbre - s’attaque dans le Sud-Ouest au Pêcher de préférence, mais les Pruniers, Pommiers et un grand nombre d’autres espèces y sont sujettes également.

Si l’on sait que la cause première du mal est l’invasion du végétal par un champignon (le Stereum purpureum) , par contre bien des points encore obscurs de la biologie de ce parasite doivent être éclaircis. De même des méthodes de lutte pratiquement inexis- tante à l’heure actuelle sont à l’étude.

M. Chaboussou : Extension dans le Sud-Ouest de la Cochenille japonaise du Mûrier, Pseudaulacaspis penlagona Targ.

Le conférencier signale la récente découverte en Gironde et dans les Landes de la Cochenille japonaise du Mûrier, connue seulement jusqu’ici dans le Bassin méditerranéen, la région Lyon- naise et dans la vallée de la Garonne, à Toulouse et à Audi.

Trois zones ou foyers sont actuellement détectés :

La région de Soulac-sur-Mer, avec les communes de Soulac- sur-Mer, le Cousteau, Lillian, l’Amélie, le Verdon, Talais;

La banlieue bordelaise, avec deux foyers à Talence et un foyer au Bouscat et un foyer à Lormont;

Un foyer dans les Landes, à Tarnos, dans un verger mixte de Pêchers - Pommiers.

M. ( Ihaboussou signale que cette Cochenille, extrêmement poly- phage, s’attaque particulièrement, en ce qui concerne les plantes ornementales, aux Mûriers, Catalpa, Robinier pseudo-Acacia, Lilas violet, Broussonetia, Paulownia.

En France, sur arbres fruitiers, la Cochenille japonaise du Mûrier semble uniquement s’attaquer au Pêcher. Toutefois, dans la région du Sud-Ouest, cette Cochenille se montre particulièrement nocive, rappelant tout à fait les dégâts du Pou de San José tels qu’ils s’exercent dans la vallée de la Siagne. Après avoir évoqué les différents facteurs conditionnant la pullulation de l’insecte (facteurs physiologiques, physico-chimiques, anatomiques et clima- tiques), M. Chaboussou rappelle le cycle évolutif de l’insecte et indique brièvement les techniques de lutte les meilleures à l’heure actuelle. Il demande à tous les naturalistes de bien vouloir signaler les foyers qu’ils seraient à même de détecter, cet insecte faisant en effet peser une grave menace sur les vergers de Pêchers de la vallée de la Garonne et en général du Sud-Ouest.

M. Bordes : Progrès récents en Préhistoire.

Au cours des deux dernières années, Eyzies, à l’abri Pataud, par le Muséum

les fouilles reprises aux d’Histoire Naturelle et le

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O

Peabody Muséum, d’une part, à Laugerie-Haute par le Laboratoire de Préhistoire de la Faculté des Sciences de Bordeaux, d’autre part, ont apporté des connaissances nouvelles sur le Paléolithique supérieur du Sud-Ouest.

A l’abri Pataud, sous une mince couche de Solutréen inférieur ont été trouvées d’abord une couche de Protomagdalénien, industrie connue jusqu’à présent seulement à Laugerie-Hautc, puis une couche d’un Périgordien très final, recouvrant elle-même un Périgordien supérieur à burins de Noailles.

A Laugerie-Hautc, les nouvelles fouilles ont permis d’établir (pie l’Aurignaeien V se place chronologiquement entre le Proto- magdalénien et le Solutréen inférieur.

Par ailleurs, le Docteur Haussent, de Ncuvic-sur-l’Isle, a trouvé près de Mussidan, un gisement magdalénien d’un type nouveau, qui représente probablement une série de campements de plein air.

Assemblée générale du 7 mars 1959

Présidence de M. le Docteur A. Bai drimont. Président.

L’Assemblée donne quitus à M. Dagréou, Trésorier, pour la gestion des finances de la Société, et le remercie de son dévouement. Sur position du Conseil, les cotisations sont portées au tarif

suivant :

Membres titulaires 10 NF.

auditeurs 5 NF.

Personnel. Sur avis favorable du Conseil, M. Détourné; M. Marquette, Lycée Montesquieu, Bordeaux; M. Mespi.ède, 33, rue Malbec, Bordeaux; M. Salvat, 133, rue Lamartine, Talenee; M. Scoarnec, Laboratoire de Biologie Animale, 151. cours de la Marne, Bordeaux; M. Thomas, avenue de la IV" -République, Ponl- de-la-Mave, sont admis Membres titulaires de la Société.

Présentations d’échantillons végétaux. M. PARRIAUD

présente des échantillons :

De Tragus raceniosus (L.) Desf. provenant des bords de voies ferrées de la gare de La Réole (Gironde). Il rappelle que la plante a été signalée par M. Tempère à la pointe du Verdun, il y a quelques années; .

De Erif/eron cinnnni (L.) Persoon récoltés dans les Landes, à Morccnx, et entre Broeas et Mont-de-Marsan;

De Spartina versicolor Fabre (échantillons toujours stériles) qui occupe le sommet du pré-salé d’Arcachon, entre Arès et Claouey, et qui se retrouve également en petite quantité au Tcieh.

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SOCIÉTÉ MNNÉENNE DK BORDEAUX

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M. Eymé présente des échantillons de Nonneu selosa Rœin et S. Borrayinacée adventive à fleurs jaunes (détermination P. Jovel) qui croît depuis une quinzaine d’années en certains points de l’avenue de Verdun, à Mérignac (près Bordeaux), ainsi que sur quelques chemins avoisinants.

Réunion du 11 avril 1959

Présidence de M. le Docteur A. Baudrimont, Président.

Personnel. Sur proposition favorable du Conseil, M. J. Louis- Augustin, avenue d’Attigny, villa «Aline», Pau; M. Cl. Dupont,

bis, rue (|c Qrassi, Bordeaux; M. B. Fournier, Ecole Saint-Bruno, rue O’Reilly, Bordeaux, sont admis Membres titulaires de la Société.

Le Président fait part aux Membres présents du décès du regretté Henry Domy, ancien Membre de la Soeiété et Secrétaire Général de la Société Archéologique, enlevé subitement à l’aflfection de tous ceux qui l’ont connu, le 5 avril dernier. 11 exprime, au nom de tous les Linnéens, ses plus sincères condoléances à sa famille.

Communications. - M. A. Baudrimont : Sur la présence de la Coronellc lisse (Coronclla auslriaca Laur. = laevis Lacép.) dans la vallée de Luz-Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées).

M"° Paquereau : Détermination générique et spécifique du pollen de quelques Ericaeées.

M. Thomas : Les Thécainœbicns muscicoles et terricoles. - Notions d’écologie générale et comparative.

Sur la présence de la Coronelle lisse (Coronella austriaca Laur. = C. lævis Lacép.) dans la vallée de Luz-Saint-Sauveur (Htes-Pyrénées) (Note accompagnée de présentation)

Par A. Baudrimont

Dans sa Noie préliminaire sur la Faune herpéloloyique des Hautes-Pyrénées, P. Beck mentionne quatre Ophidiens (Tropido- nolus viperinus, Tropidonolus nalrix, Zanienis viridiflavus, Vipera aspis) et pense que l’on doit aussi trouver dans le département deux autres Colubridés (Coronella auslriaca et Coronella yiron- dica), bien qu’en 1943, il ne les y avait pas encore rencontrés. Je ne crois pas que Coronella yirondica Daud. ait été signalée

PROCÈS-VERBAUX

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depuis, mais dans un de ses manuscrits non publiés sur la vallée de Barèges, P. Rondou, notre ancien collègue de Gèdre, ajoute aux quatre espèces plus haut citées CoroneUa lu’vis Lacép.

Je ne sais si P. Beck a observé cette dernière depuis sa note de 1943. En ce qui me concerne, je l’ai rencontrée à deux reprises différentes dans la vallée de Luz-Saint-Sauveur, sur la route de Luz à Gavarnie, la première fois un peu avant Pragnères, au voisinage du Pont de Desdourroucats, à 895 m d’altitude, la deuxième peu après le Pont Napoléon, au lieu nommé Porte d’Espagne, à environ 7 GO m d’altitude.

Ainsi qu’on peut le constater sur ces deux exemplaires, les caractères majeurs de Coronclla anstriaca ou hvvis sont :

Tête peu ou pas distincte du cou, museau plus ou moins proéminent, rostrale au moins aussi haute que large, bien visible en dessus, une seule loréale, frontale plus longue que large et moins longue que les pariétales, une seule plaque nasale au milieu de laquelle est creusée la narine (ee cpii la distingue de C. girondica qui possède deux plaques nasales entre lesquelles débouche la narine), écailles sans carène, lisses et brillantes, piquetées de très petites taches brunes, queue relativement courte, longueur dépassant rarement une soixantaine de centimètres. Coloration très variable, deux lignes noires sur la nuque rejoignant en avant une grande tache noire occipitale; partant île la narine, une bande foncée contourne l’œil, passe par la commissure des lèvres et se poursuit sur le cou, le corps et même la queue sous forme d'une série de points noirâtres. Ovovivipare, 2 à 15 petits. Recherche les lieux secs et chauds, les rochers, les broussailles. Se nourrit surtout de petits Reptiles, de Vers de terre, d’insectes, rarement de petits Rongeurs. Habite toute l’Europe, se rencontre un peu partout en France. Je ne puis dire jusqu’à quelle altitude elle s’élève dans les Pyrénées; elle ne semble pas dépasser 1.400 m dans le Massif Central, 1.200 m dans les Alpes (F. Angel). Son caractère irascible et sa vague ressemblance de coloration et tic taille avec la Vipère Aspic qui fréquente les mêmes endroits, lui sont souvent funestes, car trompés par cette apparence, les habitants des campagnes la massacrent impitoyablement.

Bibliographie sommaire

Angel (F.). Faune de France, vol. 45, Reptiles et Amphibiens, Paris, P. Lechevalier, 1046. p. 145.

Beck (P.). Note préliminaire sur la Faune herpétologique îles Hautes- Pyrénées. Bull, de la Sert. se. de la Soc. Acad, des Hautes-Pyrénées, Tarbes, 1943, p. 55.

Changer (A.). Reptiles, Batraciens, Paris, E. Deyrolle, p. 93.

Lataste (F.). Catalogue des Batraciens et Reptiles des environs de Paris et Distribution géographique des Batraciens et Reptiles de l’Ouest de la France. Actes Soc. Linn. de Bordeaux. 1876, t. XXXI, p. 27.

Perrier (R.). La Faune de la France illustrée, fuse. X, Vertébrés, Paris, Delagrave, 1924. p. 103.

Rondou (P.). Vallée de Barèges. Manuscrit, t. 2, p. 20. Peut être consulté chez M,,,e Rondou, à Luz (Hautes- Pyrénées).

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SOCIÉTÉ LINNÉENNE I)E BORDEAUX

Détermination générique et spécifique du pollen de quelques Ericacées

Par Marie-Madeleine Paquereau

Au cours de l’analyse palynologique de divers sédiments, les spécialistes rencontrent très souvent et en grand nombre, des pollens présentant les caractères de la famille des Ericacées.

Dans les diagrammes polliniques et les interprétations qui les accompagnent, ces éléments restent simplement mentionnés sous le terme d’ « Ericacées ».

Cette dénomination, trop large, s’applique à de nombreux genres et espèces, présentant des caractères écologiques très variés. Il nous a donc semblé intéressant de préciser les caractères des différents genres et espèces de cette famille, en vue d’une déter- mination plus précise.

Dans une précédente note, présentée au Congrès préhistorique de France en 1956 [4], en collaboration avec le regretté Profes- seur Malvesin-Fabre, nous avons donné les résultats relatifs aux genres Erica L. et Calluna Salisb.

Le présent travail a pour but de donner un résumé des résultats obtenus par nous depuis cette date, du point de vue générique et spécifique, pour un certain nombre de genres de la famille des Ericacées.

Certains genres présentent, en effet, de nombreuses affinités morphologiques. C’est ainsi que l’on peut facilement confondre les genres Andromeda et Arctoslaphylos, Oxycoccos et Vacciniiiin. Ceux-ci étant très fréquents dans les sédiments tourbeux ainsi d’ailleurs qu ’Arbutus et Rhododendron, nous nous sommes attachée à leur étude et nous présentons ici les résultats obtenus.

CARACTÈRES GÉNÉRAUX DU POLLEN DES ERICACÉES

Rappelons rapidement les caractères morphologiques propres au pollen de toutes les Ericacées :

Les grains de pollen restent réunis en tétrade à maturité. Dans tous les genres, ils appartiennent au type « tricolporate » décrit par Erdtman [1].

Ce type présente trois sillons perpendiculaires à l’équateur du grain et situés dans des plans se coupant à 120°. Chaque sillon porte, en son centre, un pore simple ou « ora » cpii, ici, est de forme subcirculaire, légèrement allongé perpendiculairement à l’axe du sillon. La longueur des sillons peut être définie par la valeur de «l’indice de surface polaire» = i.s. p. (rapport centésimal entre la plus grande distance séparant l’extrémité de deux sillons el le diamètre du grain, fide èaegri et Iversen [2]). La valeur de cet indice caractérise le genre ou l’espèce, il varie ici de 18 à 60.

PROCÈS-VERBAUX

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A la surface de la tétrade, les grains présentent un début de séparation. Le degré de cette individualisation paraît constant au sein de l’espèce. Ainsi, par rapport à la surface générale de la tétrade, la partie libre du grain fait une saillie en calotte de sphère. Nous avons essayé de préciser ce caractère à l’aide d’un indice dit « indice d’émergence » : rapport centésimal entre la longueur de la flèche et celle de corde, pour la calotte constituée par la portion libre de chaque grain. Cet indice (i. e.) varie poul- ies genres considérés entre 24 et 52.

Dans certains genres, l’exine forme un épaississement sur le bord des sillons. Cet épaississement est formé soit par la partie externe de l’exine (ou sexine), soit par sa partie interne (ou nexine). On a donc, suivant le cas, en coupe optique, l’apparence d’un épaississement vers l’extérieur ou vers l’intérieur du grain.

Dans l’ensemble de la famille, la sexine est d’épaisseur égale ou légèrement inférieure à celle de la nexine. La partie la plus externe de la sexine (ou ectoscxine) est de développement variable suivant les genres. Les éléments qui la constituent, ou éléments ornementaux, en relief à la surface de l’endosexine, sont des verrues de forme variable, aplaties, sphériques ou cylindriques, caractéristique des genres ou des espèces.

CA R A CTL R ES GÉNÉRIQU ES D 1 FEÉRENTIELS

Tableau dichotomique des espèces

I. Diamètre de la tétrade > 55 g.

Nexine épaissie au bord des sillons.... II Diamètre de la tétrade ^ 55 g.

Exinc non épaissie au bord des sillons ou épaississement de la sexine seule Y

IL Diamètre de la tétrade > 62 g.

Ornementation formée de verrues aplaties. IÎI Diamètre de la tétrade s (12 g.

Ornementation formée de verrues sphé-

riques ou cylindriques IV

III. i. s. p. = 25 - 35.

i. e. = 24 - 36 Arbutus (D.

IV. i. s. p. = 40.

Ornementation formée de verrues cylin- driques Andromedo.

i. s. p. < 40.

Ornementation formée de verrues sphé- riques Aretostaphylos.

(1) Il faut remarquer cpie le pollen de ce genre présente des caractères très proches de celui des Empétracées.

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SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX

V. i. s. p. < 50.

Exine non épaissie au bord des sillons. . VI i. s. p. = 50.

Sexine épaissie au bord des sillons VII

VI. Ornementation formée de verrues aplaties

ou sphériques Vaccinium.

Ornementation formée de verrues cylin- driques OxiJCOCCOS.

VII. i. s. p. = 50 - 58. i. e. = 41 - 50.

Ornementation formée de verrues aplaties

ou cylindriques Rhododendron.

Etude du genre « Arbutus »

Arbulus unedo L. (pl. I, fig. 1)

Diamètre de la tétrade = 07 - 75 g.

Diamètre du grain = 55 - 60 g.

Indice d’émergence = 24 - 36.

Sillons moyennement allongés, larges, profondément creusés, indice de surface polaire = 25 - 35.

Pores très en relief.

Bordure des sillons très fortement épaissie formée par la nexine. Ornementation formée de nombreuses verrues, très aplaties, de diamètre moyen.

Etude du genre « Andromeda »

Andromède i polifolia L. (pl. II, fig. 1)

Diamètre de la tétrade = 57 - 60 g.

Diamètre du grain = 41 - 44 g.

Indice d’émergence = 35 - 40.

Sillons assez courts, étroits, indice de surface polaire = 40 - 46. Pores peu en relief, peu visibles.

Nexine nettement épaissie sur le bord des sillons. Ornementation formée de très nombreuses verrues cylindriques de faible diamètre.

Etude du genre « Arotostaphyi.os »

Caractères génériques :

Diamètre de la tétrade = 57 - 62 a*.

Diamètre du grain = 42 - 45 g.

Indice d’émergence : 29 - 40.

Sillons de longueur variable suivant l’espèce, indice de surface polaire = 21 - 38, toujours très étroits.

PROCÈS-VERBAUX

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Porcs petits, peu visibles.

Nexine épaissie sur le bord des sillons.

Ornementation formée de verrues sphériques, de taille et de densité variables suivant l’espèce.

Caractères spécifie/ lies :

Arclostaphylos uva-ursi L. (pl. I, fig. 2)

Diamètre de la tétrade = 57 - 00 g.

Diamètre du grain = 42 - 45 n.

Indice d’émergence = 31-40.

Indice de surface polaire = 30 - 38.

Nexine très nettement épaissie sur le bord des sillons. Ornementation formée de verrues sphériques nombreuses, de très petite taille.

Arclostaphylos alpina (L.) Sprcng (pl. I, lig. 3)

Diamètre de la tétrade = 57 - 62 g.

Diamètre du grain = 45 - 47 g.

Indice d’émergence = 29 - 38.

Indice de surface polaire = 21-23 (donc sillons nettement plus longs que dans l’espèce précédente).

Nexine moyennement épaissie sur le bord des sillons. Ornementation formée de verrues sphériques, de taille moyenne, assez peu nombreuses.

Tableau dichotomique des espèces

Indice de surface polaire = 30.

Nexine fortement épaissie sur le bord des sillons.

Ornementation formée de très nom- breuses verrues sphériques, de très

petite taille Arclostaphylos uva-ursi.

Indice de surface polaire < 30.

Nexine moyennement épaissie sur le bord des sillons.

Ornementation formée de verrues sphériques, de taille moyenne, assez

peu nombreuses Arclostaphylos alpina.

Etude nu genre « Yaccintum »

Caractères génériques :

Diamètre de la tétrade = 45 - 55 g.

Diamètre du grain = 30 - 42 g.

Indice d’émergence = 28 - 43.

Sillons de morphologie et de taille variables suivant les espèces, indice de surface polaire = 30 - 47.

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Exine non épaissie sur le bord des sillons.

Ornementation formée de verrues sphériques ou aplaties, de taille et de densité caractéristiques de chaque espèce.

Caractères spécifiques :

Vaccinium mijrlillus L. (pl. I, fis'. 4)

Diamètre de la tétrade = 47 - 55 p.

Diamètre du grain = 32 - 42 p.

Indice d’émergence = 37 - 43.

Sillons assez courts et très étroits, indice de surface polaire = 42 - 47.

Ornementation formée de très petites verrues aplaties, moyen- nement nomb reuse s .

Vaccinium uliginosum L. (pl. I, fig. 5)

Diamètre de la tétrade = 45 - 55 p.

Diamètre du grain = 32 - 42 p.

Indice d’émergence = 35 - 43.

Sillons de longueur moyenne, assez larges, indice de surface polaire = 34 -40.

Ornementation formée de petites verrues aplaties, moyennement nombreuses.

Vaccinium vitis-idaea L. (pl. I, fig. (i)

Diamètre de la tétrade = 45 - 50 p.

Diamètre du grain = 30 - 40 p.

Indice d’émergence = 28 - 33.

Sillons étroits, allongés, indice de surface polaire = 30 - 35. Ornementation formée de petites verrues sphériques, très nombreuses.

Tableau dichotomique des espèces

I. Indice d’émergence 5 35.

Ornementation formée de verrues

aplaties

Indice d’émergence < 35.

Ornementation formée de verrues sphériques

II. Indice de surface polaire > 40.

Sillons assez courts et très étroits.

Indice de surface polaire ^ 40.

Sillons de longueur moyenne,

assez larges

III. Indice d’émergence = 28 - 33.

Indice de surface polaire = 30-35.

Diamètre de la tétrade = 45 - 50 p.

II

III

Vaccinium myrtillus. Vaccinium uliginosum.

Vaccinium vitis-idaea.

PROCÈS-VERBAUX

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Etude du genre « Oxycoccos »

Oxycoccos quadripetala Gilib. (pl. II, fig. 2)

Diamètre de la tétrade = 40 - 47 g.

Diamètre du grain = 30 - 35 g.

Indice d’émergence = 30 -38.

Sillons longs et très étroits, indice de surface polaire = 25 - 33. Exine non épaissie sur le bord des sillons.

Ornementation formée de verrues cylindriques, de faible diamètre, très nombreuses.

Etude du genre « Rhododendron »

Caractères génériques :

Diamètre de la tétrade = 37 - 42 g.

Diamètre du grain = 25 - 30 g.

Indice d’émergence = 41-50.

Sillons très courts et larges, indice de surface polaire = 50 - 58. Scxine épaissie nettement sur le bord des sillons.

Ornementation formée de verrues très petites, aplaties ou cylindriques.

Caractères spécifiques :

Rhododendron ferrugineum L. (pl. 11. fig. 3)

Diamètre de la tétrade = 37 - 39 g.

Diamètre du grain = 25 - 27 g.

Indice d’émergence = 41 -50.

Indice de surface polaire = 50 - 55.

Sexine épaissie sur le bord des sillons.

Ornementation formée de petites verrues cylindriques, très nombreuses.

Rhododendron hirsulum L. (pl. II, fig. 4)

Diamètre de la tétrade = 40 - 42 g.

Diamètre du grain = 28 - 30 g.

Indice d’émergence = 41-50.

Indice de surface polaire = 55 - 58.

Sexine épaissie sur le bord des sillons.

Ornementation formée de petites verrues aplaties, moyennement nombreuses.

Tableau dichotomique des espèces

Diamètre de la tétrade < 40 g.

Ornementation formée de verrues

cylindriques très nombreuses. . Rhododendron ferrugineum.

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Diamètre de la tétrade = 40 n.

Ornementation formée de verrues aplaties moyennement nom- breuses Rhododendron hirsutiun.

Nous espérons que cette étude, et surtout les clés dichotomiques qu’elle contient, apportera une utile contribution à la détermi- nation, si délicate, des Ericacées dans les sédiments quaternaires. Cette question nous semble, en effet, particulièrement importante, car elle pose constamment aux palynologistes un problème difficile mais indispensable à résoudre, les Ericacées étant très riches de significations paléo-écologiques et paléo-climatiques.

BIBLIOGRAPHIE

1. Erdtman (G.). Pollen morphology and plant taxonomy. Almqvist

and Wikselle, Stockholm, 1952.

2. Faegri (K.) & Iversen (J.). Text-book of modem pollen-analysis.

Ejnar Munksgaard, Copenhague, 1950.

Hansen (Irmgard). Die europâischen Arten (1er Gattung Erica L. Botanische Jahrbook, 1950, "7 5.

4. Malvesin-Fabre (G.) & Paquereau (M.). La détermination spéci-

fique des pollens de Bruyères en palynologie. Congrès préhistorique français, 1956.

5. Overbeck (F.). Zur Kenntnis der pollen mittel und nordeuropa

ischen Ericales. Beihefle Z. Bot. Centralblntt., 1934, 51 .

6. Mohl (H.). Sur la structure et les formes des grains de pollen.

Ann. Sc. Nat., 1835, 3, 2e série.

7. Won eh ou se (H. P.). Pollen grains. London and New York, Mac

GraW Bill. 1935.

PROCÈS-VERBAUX

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5

PLANCHE I

Aspect de la tétrade pollinique et coupe de l’exine au niveau d’un sillon.

1. Arbutus unedo L.

2. Arctostaphylos iwn-ursi L.

3. Arctostn])hylos nlpina (L.) Spreng.

4. Yacciniam myrtillus L.

5. Varcinium uliginosum L. (>. Vaccinium vitis-idaea !..

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PLANCHE II

Aspect de la tétrade pollinique et coupe de l’exine au niveau d’un sillon.

1. Andromeda polifolia L. 3. Rhododendron ferrugineum L.

2. Oxycoccos quadripetnla Gilib. 4. Rhododendron hirsulum L.

PROCÈS-VERBAUX

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Les Thécamœbiens muscicoles et terricoles : notions d’écologie générale et comparative

Par R. Thomas

1. AYANT-PROPOS

Chez les Thécamoebiens la formation des kystes mérite l’atten- tion; ils permettent la dissémination, l’installation et la prolifé- ration des espèces dans les milieux et les stations. Deux sortes de kystes peuvent être rencontrés, ec sont :

Des kystes acyctiques (kystes de repos) formés par la rétraction, la condensation et la déshydratation de la partie vivante à l’intérieur de la theque. Ces kystes sont fréquemment observés dans le cas l’humidification nécessaire au théca- moebien n’est plus suffisante;

Des kystes dits de sexualité, issus d’actes d’accouplement entre deux individus Copulation » sec. Patkfk, « Conjugaison » sec. Pénard). Ces kystes ont une membrane plus épaisse que les premiers, souvent ornementée et sculptée à la manière des spores végétales.

La cytologie des Thécamoebiens étant trop peu avancée, on ignore le rôle des noyaux et le détail de la formation sexuelle de ces derniers kystes; cependant, ces kystes « de sexualité » nous intéressent pour comprendre la conservation et la dissémination de l’espèce. Dans le cours des lignes qui vont suivre, nous avons pris le terme très vague de « germe » pour désigner ce stade hypothétique, qui peut être une spore, une zygosporc, ou toute autre forme de résistance capable d’être disséminée par différents vecteurs.

On a évoqué pour la distribution générale des Théca- moebiens le transport de leurs « kystes » par les oiseaux migrateurs ou par les grands courants aériens, mais ces « kystes » n’ont pas été retrouvés dans les poussières atmosphériques. La reproduction de ces organismes est encore très mal connue; aussi parlerons-nous hypothétiquement de « germes », dans le cours de cet article, pour désigner l’ensemble de ces corps.

IL ESSAI DE CLASSEMENT ÉCOLOGIQUE

Nous allons essayer de donner un classement des différentes écologies des Thécamoebiens en partant de la notion de milieu, ce mot étant pris ici dans le sens de groupement de stations réunies sous la dépendance du facteur primordial, l’eau. Nous aurons ainsi à envisager toute une gamme de stations allant de

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celles, purement aquatiques, l’air est à l’état dissous jusqu’à celles l’air domine et l’eau n’est plus qu’à l’état de lame mince ou de vapeur. Nous distinguerons ainsi cinq milieux prin- cipaux, à teneur en eau progressivement croissante; nous donne- rons pour chacun d’eux quelques types caractéristiques; bien entendu, cette énumération n’est pas limitative et bien des stations non citées pourront être rattachées aux différents types.

A. Milieu aérien

Les stations de ce milieu peuvent recevoir plus ou moins d’eau et plus ou moins d’air, ce dernier facteur étant inversement proportionnel au premier et pouvant dominer :

Stations des mousses corticoles,

Stations des mousses saxicoles,

Stations des sols azonaux (sols squelettiques), etc...

B. - Milieu subaérien

Ce milieu présente les mêmes caractères que le précédent, mais ici l’eau domine : la nutrition des organismes est facilitée par la matière nutritive circulante; c’est pourquoi ces stations sont généralement plus peuplées que les précédentes. Nous placerons dans ce milieu les mousses et les sphaignes croissant à même le sol (museinées sylvicoles, terricoles, épigées, etc.). On les classera suivant leur teneur en eau, depuis les stations hygro- métriques, c’est-à-dire le plus souvent humides par absorption, jusqu’aux stations franchement humides des sous-bois encaissés sur terrain argileux. Les faunules s’installent selon leur besoin plus ou moins grand en eau, compte tenu des différences de pH. Lorsqu’elles sont placées dans des conditions identiques d’humidité et d’habitat, qu’il s’agisse de mousses ou de sphaignes croissant sur le sol, il n’apparaît pas, d’après nos récoltes, que leur faunule diffère.

Nos observations concordent avec ce qu’écrivait G. Deflandre, 1930 [11], p. 219 : il n’avait pas constaté de différence dans les faunules lorsque les conditions de vie et le p// étaient semblables.

Principales stations du milieu subaérien :

Stations des museinées sylvaliques hyyrométriques,

Stations des museinées sylvaliques humides,

Stations des museinées (et sphaignes) très humides,

La presque majorité des horizons supérieurs des sols forestiers et cultivés.

Les stations à museinées très humides : bombement des tour- bières, sphaignes mouillées et très mouillées des tourbières, mousses des tourbières de transition, représentent un milieu très

RROCES- VERBAUX

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dillérent, non seulement par l’acidité développée, mais aussi par 1 absence de sol vrai sous-jacent. C’est un milieu spécial dit « mouillé », qui est pour les sphaignes celui que la plupart des auteurs entendent sous le terme de « sphagnicole ».

C. Milieu mouillé

Ici, l’eau est véritablement circulante sans qu’il y ait immersion complète, l’air entoure de toute part les micro-stations. Que l'on nous permette une expérience qui illustre parfaitement la diffé- rence entre milieu mouillé et milieu subaérien : trempons un morceau d’ouate dans l’eau, exprimons l’eau, nous obtenons I image des stations subaériennes; si au contraire nous retirons 1 ouate de l’eau sans l’exprimer, elle ruisselle, et nous aurons la représentation du milieu mouillé; exemple :

Stations des mousses et sphaignes mouillées des hautes tour- bières;

Stations des rochers suintants, ou arrosés, proches des cas- cades, etc...

D. Milieu dulcaquicole

Les stations sont ici incluses dans une masse d’eau, d’origine diverse, et dans laquelle évolue un complexe vital (animaux et végétaux associés, sels dissous, etc...).

Les stations d’eau douce à Thécamoebiens peuvent être divisées en trois groupes principaux :

1" Les stations submergées temporaires. - D’origine pluviale, elles peuvent se former dans la moindre anfractuosité rocheuse, la plus petite dépression de terrain, naturelle ou artificielle. En période sèche, ees stations disparaissent complètement. Leur caractère essentiellement temporaire ne permet pas le développe- ment des espèces exigeantes quant à la stabilité de la station.

Les stations submergées temporaires de longue durée et se mi permanentes. Elles englobent la plupart des stations d’eau douce : marettes, mares, marais, étangs, etc. Ici. la masse d’eau persiste même en saison chaude ou sèche, ou lorsqu’elle s’asséche, la période d’assèchement est généralement moins longue que la période d’inondation. Pendant leur évolution annuelle, ees sta- tions subissent d’importantes modifications dues aux variations de niveau, d’où concentration des sels dissous au développement d’hélophytcs et d’hydrophytes, de plancton et d’un benthos animal et végétal, etc...

Les stations permanentes, qui comprennent d'une part les eaux courantes (fleuves et rivières) et d’autre part les grands lacs; les faunules de ees deux groupes ne sont pas identiques, mais ont en commun, en dehors d’une certaine périodicité, leur

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SOCIÉTÉ LINNÉENNE I)E BORDEAUX

constance. La faune cle la profondeur des grands lacs, définie pour la première fois au début de ce siècle par Pénard, s’est avérée constante et très sûre.

E. Milieu maritime

La masse d’eau constituant les stations est ici d’origine marine, mais elle peut être plus ou moins pure et mélangée à de l’eau douce, ce qui nous conduit à en distinguer deux groupes :

Les stations d’eau saumâtre (estuaire de fleuve),

Les stations typiquement marines.

Bien que ce milieu ne soit pas très favorable à la plupart des genres, des Thécamoebiens ont été trouvés dans les deux types de stations.

Le but même de cette note nous oblige à considérer de plus près les stations terricoles et muscicoles :

Les stations muscicoles. Les Thécamoebiens des mousses ont été signalés pour la première fois par Dujardin en 1852. Ils furent placés, sinon en opposition, du moins à part des Théca- moebiens des « sphaignes » (Leidy, 1879). (i . Deflandre, 1927 [9] attira l’attention sur le danger de décrire sans précision les faunules des mousses en les opposant à celles des sphaignes. Nous avons en plus, aujourd’hui, la faune des sols, constituée par les faunules installées accidentellement ou non à la surface des terres; cette faune peut être identique à celle constatée dans les mousses et sphaignes chaque fois que les conditions écologiques sont analogues; aussi nous paraît-il souhaitable de réunir dans un même programme écologique les critères communs à la fois aux mousses, aux sphaignes et aux sols sans nous laisser hypnotiser par ces différents habitats, qui au point de vue écologique ont souvent d’assez grandes ressemblances.

Les stations terricoles. - Nous ne voyons, en aucun cas, dans le sol un milieu, pas plus qu’il n’existe un milieu muscieolc ou sphagnicole. Le milieu pour les Thécamoebiens étant directe- ment dépendant du facteur « eau », les stations terricoles peuvent être installées dans les principaux milieux décrits précédemment.

A l’intérieur de la classification (pie nous proposons, il est possible de ranger les sols en fonction des caractères pédologiques. Nous trouvons dans les sols les stations du milieu aérien, assez analogues à celles croissent les mousses cortieoles et saxicoles. Ces mousses possèdent à leur base un peu de terrre et peuvent croître sur les sols azonaux et squelettiques, qui sont des sols du milieu aérien. Les sols d’origine éolienne garnissant les fissures

PROCÈS-VERBAUX

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des murs, des rochers; les sols constitués de la même manière dans les chéneaux et dalles de toiture des habitations peuvent, s'ils sont d’un faible volume, être aériens (ils se déssèchent rapide- ment) ; ils rentrent dans le milieu subaérien lorsqu’une couche épaisse s’est formée et reste longtemps humide. Ces sols sont physiquement comparables aux humus élastiques, ils gardent l’humidité; de plus, ils sont généralement colonisés par des mousses en coussinets qui les préservent de la dessiccation.

Les sols humifères acides, spongieux des forêts gardent une humidité variable, ils rentrent parmi les stations du milieu subaérien. Certains humus de feuilles et surtout d’aiguilles de conifères comblent parfois presque entièrement les fossés d’irri- gation forestière, la circulation de l’eau se faisant dans leur épaisseur, nous avons le milieu mouillé, avec souvent un pH très bas; à ce moment, les faunules ont des affinités « sphagni- coles » (sensu lato).

Les sols peuvent également être mouillés ou submergés (terres maraîchères très irriguées, etc...) ; c’est ainsi que des tourbières anciennes mises en culture donnent des faunules ayant les caractères des tourbières de transition. Les sols placés à proximité d’une pièce d’eau rentrent aussi dans le milieu mouillé, mais ne sont pas pour autant colonisés par une faunule aquatique, mais par une faunule correspondant aux mousses mouillées.

Tous ces exemples montrent qu’il est possible de trouver des stations dont le caractère terricole est constant, mais dont le degré d’humidification permet un peuplement Thécamocbicn qui ne sera pas spécial aux sols.

A

III. INSTALLATION DES « FAUNULES A THÉCAMOEBIKNS » DANS LES STATIONS DES DIFFÉRENTS MILIEUX

Nous avons dans le sol des faunules dont la composition dénote des affinités aériennes, et d’autre qui sont à l'image de ce que l’on observe dans les muscinées terricoles. La question qui se pose est de savoir comment s’est effectué le peuplement des sols dans lequel s’affrontent ces faunules.

La dissémination des «germes» (cf. supra) se faisant au hasard, les différentes stations en reçoivent, toutes proportions gardées, une quantité sinon égale, du moins aussi variée que les milieux aquatiques; mais seuls ceux de ces « germes» ayant trouvé les conditions requises se développent. Lorsque les conditions de vie, momentanées ou définitives, sont incompatibles avec les nécessités d’une espèce, les « germes » de celle-ci ne se développent pas, ils restent « masqués », quiescents. Une confirmation est donnée à cette manière de voir par les mises en culture d’échan-

3

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lilions de sol en milieu liquide : on obtient de cette manière le développement de Théeamoebiens que l’analyse la plus attentive n’a pu déceler au moment de la prise d’échantillon; certains d’entre eux, ainsi développés, sont incontestablement liés au milieu aquatique ( Diffhigia) .

Récemment D. Chardez, 1957 [5], étudiant les Théeamoebiens des mousses aériennes des Hautes Fagnes de la Belgique, région de brouillards quasi perpétuels, a donné de ces biotopes des listes inhabituelles. Il n’est pas question de contester les observations de ce spécialiste, il faut simplement reconnaître que le climat et le milieu font des Fagnes une région très spéciale, mais dont les conditions seront sans doute retrouvées dans d’autres points du globe.

Comparée à la liste d’une de nos stations aériennes plus méri- dionale et plus sèche, située en pleine foret de pins du Bordelais, la liste des formes trouvées par cet auteur est nettement plus riche :

Tiiécamoebiens des mousses

Tiiécamoebiens des mousses

AÉRIENNES (PAGNE BELGE)

AÉRIENNES (BOIS DE PINS)

SELON I). CHARDEZ [5]

SELON R. THOMAS (INÉDIT)

Arcella arenaria

Arcella arenaria fina compressa Assulina nuiscorum

Assulina nuiscorum

Assulina scininiiluin

Bullinularia y raci lis

Centra pijx i s ne rophila

Centropyxis aerophila

Centropyxis aerophila v. ylobu- losa

Centropyxis aerophila v. spha- ynieola

Centropyxis minuta Corythion (labium Corythion dubinm v. aerophila Corythion dubinm v. orbicn-

Corythion dubinm

taris

Cyclopyxis eurystoma Euylypha laevis

Euylypha laevis

Euylypha rotunda fma oblica

M ierocorycia /lava

Phryyanella acropodia Playiopyxis declivis v. oblonga Playiopyx is la b i a 1 a

Phryyanella acropodia

Trinema enehelys Trine ma lineare

Trinema lineare

t'ROCES-VERBAUX

33

Nous allons passer en revue quelques genres rencontrés dans le sol, mais aussi dans les mousses, ce sont : les Cenlropyxis, les liullinularia, les Diffliiyia, les Diffluyiella, les Heleopera, les A Jebela. Une étude de tous les Thécamoebiens rencontrés dans le sol nous entraînerait à un développement trop considérable.

Dans la famille des Cenlropyxidae, nous constatons l’affinité des genres de celte famille pour les stations terrieoles.

Tous les genres que comprend cette famille sont présents dans le sol; ce sont : Cenlropyxis, 15 espèces; Cyclopyxis, 3; Plagio- pyxis, 4; Triyonopyxis, 1; Geopyxella, 1; Schwabia, 1; liiillinu- laria, 2, soit 27 espèces pour cette famille cpii comprend, au moment nous écrivons, 80 espèces. La faune du sol comprend donc, actuellement, le tiers des représentants de cette famille, et vraisemblablement presque tous les représentants connus des stations muscicoles.

Certains genres comme les Playiopyxis sont très adaptés aux stations terrieoles, toutes les espèces connues ont été rencontrées dans le sol. Triyonopyxis avec T. arcula s’avère très fréquent dans les sols forestiers. Bnllinularia yracilis est fréquente dans les sols aérés, calcaires, squelettiques. Scluvabia et Geopyxella ont été découverts et valorisés par les études terrieoles de ces dernières années. Les Cenlropyxis sont fortement représentés dans les sols comme aussi dans les mousses terrieoles. Dans un essai d’inventaire nous arrivons à la liste des formes ci-après (voir tableau p. 34).

De cette liste nous mettons de suite à part les espèces précédées du signe suivant : (X) (pii nous paraissent mal adaptées au milieu subaérien et sont le plus souvent aquatiques.

Les formes précédées du signe : (+) représentent celles (pii peuvent être considérées comme acclimatées aux stations terri- coles. Toutes les autres formes de la liste : (0) sont connues à la fois des stations terrieoles et des stations muscicoles.

Nous donnons ci-après deux nouveaux Cenlropyxis qui sont communs aux groupes de stations terrieoles et muscicoles, ce sont : C. elonyata et G. gaulhieri.

Centropyxis elongata (Pénard) comb. nov.

(fig. 22 à 26 et 28 à 31, 34, pi. II)

E. Pénard, 1890. Etude sur les Rhizopodes d’eau douce, .l/cm. de la Soc. Phys, el d'IIist. Nat. de Genève, 1890-1891, t. XXXI, 2, p. 149 et fig. 17 à 20 bis, pi. V.

= Difflugia conslricta var. elongata Pénard, 1890.

= Di/flugia conslricta Ehr. scc. Leidy, 1979, fig. 10, pi. XVIII.

Cette forme a été complètement méconnue des auteurs modernes. Pénard en fit la création en 1890, et en dit ceci : « Dans les sphaignes, j’ai observé à différentes reprises une variété pelitc

34

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Stations terricoles

1 Auteurs C1)

Stations

MUSCICOLES

(2)

1 - X - aculeata

1, 19

0 - aerophila

aerophila

T. A.

2 - 4- - aerophila v. globulosa

1, 2

0 - aerophila v. sphagni-

1, 5, 19, 21

cola

3 - X - ecornis

14, 19

4 - 0 - cassis

19, 21

cassis

T. A.

5 - 0 - constricta

1, 19

constricta v. winor ?

1

6 - 0 - laevigala

1, 14, 19

laevigala

T.

7 - X - marsupiformis

19

8 - 0 - miaula

1, 2, 19, 21

miaula

T. A.

9 - 0 - orbicularis

1, 19, 21

orbicularis

T.

10 - + - plagiostoma

1

+ - plagiostoma v. terri-

1,5

cola

1 1 - 0 - plalgsloma

1

plalgsloma

T.

12 - 0 - sac ci f or mis

1

sacciformis

T.

13 - X - spinosa

1

14 - 0 - sylvatica

1, 2, 19, 21

sylvatica

T.

+ - sylvatica v. miuor

1

15 - -f- - vandeli

2

+ - vandeli v. ylobulosa

2

(1) Les chiffres suivants se rapportent au classement bibliographique.

(2) T = mousses terricoles; A = mousses aériennes.

mais très allongée (long. mill. : 0,000-0,075; larg. : 0,025-0,040) reliée à la forme typique par des passages très rares; on pourrait l’appeler : Dijflugia consl rida var. elongala (Y, 17 à 20). Eeidy l’a également figurée parmi les Di /JJ. conslriclo. »

En vue latérale, la panse, assez peu gonflée, ménage une visière importante et un pseudostome très ouvert. En vue ventrale, le

PROCÈS-VERBAUX

35

pseudostome a un diamètre d’environ le tiers de la longueur. La visière ménage une bordure pierreuse dans son bord supérieur irrégulièrement dessiné. Très souvent cette vue ventrale donne l’impression, à un faible grossissement, d’un Trinema enchelys. Mais l’examen attentif montre qu’il s’agit d’une Centropyxis, par la présence du revêtement pierreux et des contours plus anguleux.

Cette espèce diffère de C. cassis par son élongation plus pro- noncée et son pseudostome circulaire et non plan-circulaire. Beaucoup plus pierreux que C. aerophila, C. elongata diffère nette- ment par la couleur des thèques (jui sont très hyalines, à peine colorées, car le ciment interstitiel est transparent.

Dimensions observées. Longueur : 5(i-(i5 largeur : 29-33 pseudostome : 18-20 jU.

Ecologie. Connue de plusieurs récoltes de mousses terricoles et d’échantillons de sols, en Cirondc. Particulièrement : humus de feuilles de chêne en forêt, pli = 5, Canèjan (Gironde); terre sur racines de Phyllostachis aurea, /dl = 5,5, faïence (Gironde); sphaignes (?) selon Pénard. Lkidv indique : « From among moss in the crevices of the pavement of Philadelphia ».

Distribution. Allemagne : Wiesbadcn; U. S. A. : Philadelphie; France : environs de Bordeaux.

Centropyxis gauthieri O) sp. nov. (flg. 1 à (5, pl. I)

En vue ventrale l’aspect de cette Cenlropyxis serait assez sem- blable à C. sylvaticn (= C. aerophila var. sytvatica) si le pseu- dostome n’était pas à l’origine même de la différence spécifique. Ici la panse et la visière n’existent que théoriquement, en fait il n’y a aucune séparation entre l’une et l’autre. La visière disposée en auvent abrite et dissimule le pseudostome contigu à une sorte de couloir formé par la membrane ventrale qui s’inva- gine à l’intérieur de la thèque en plan incliné, limitant, dans sa hauteur l’ouverture du pseudostome.

En vue latérale, la thèque est assez gonflée; sa hauteur corres- pond environ à la moitié du diamètre. La paroi ventrale pénètre jusqu’aux 3/5 de la hauteur totale. Cette paroi est inclinée et se termine à son point d’aboutissement en une cavité arrondie. Contrairement à C. sytvatica, il n’y a pas formation d'une ouver- ture interne (diaphragme), il a le bord supérieur de la visière recourbé vers l’intérieur. Le revêtement est analogue à tous les Centropyxis muscicoles, c’est-à-dire formé d’un mélange de pierres enchevêtrées à des débris végétaux, plus ou moins brunis par la chitine habituellement attribuée aux Thécamoebiens.

(1) Nous sommes heureux de dédier cette espèce à Mme L. Gauthier- Lièvre, d’Alger.

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36

Dimensions. Hauteur : 35-38 u,; longueur : 53-65 /x', largeur : 53-64 /x; le pseudostome, infiniment variable clans son ouverture, ne peut être mesuré d’une façon objective.

Ecologie. Trouvé en grande quantité dans une mousse sur terreau humique, acide (pW 4,5) d’une tête d’Erable, à Branlac, Gradignan (Gironde). Nous avions rencontré celte espèce, erratique, dans d’autres récoltes, mais les trop rares échantillons entrevus ne permettaient pas de penser à une forme fixée.

Le genre Bullinularia est de la même famille que les Cenlropyxis. Ce n’est pas la place ici de donner une étude de ce genre; nous voudrions signaler deux espèces susceptibles d’être rencontrées dans les mousses et le sol :

Bullinularia indica Pénard, 1953 (fig. 11-12, pl. I)

Pénard, 1907. On sonie Rhizopods from Sikkim Himlaya. ./. A*. micv. Soc., pp. 274-278, fig. 1 à 4.

= Bullinella indica Pénard, 1907.

= BuUinula indica Pénard, 1911.

= Bullinularia indica Pénard, 1953; in G. Deflandre, Traité de Zoologie, P. P. Grassé, édit., 1953.

En vue ventrale thèque ovale, avec le grand diamètre dans l’axe latéral. Pseudostome formé par l’intervalle de deux lèvres super- posées Tune à l’autre, présentant chacune, le plus souvent, une convexité médiane ménageant l’ouverture du pseudostome par les côtés latéraux. Revêtement pierreux, remanié, couvert d’exsuda- tions opaques d’un ciment brunâtre; l’ensemble est peu transpa- rent. La vue latérale montre une épaisseur moyenne n’atteignant pas une dimension suffisante pour donner une thèque hémi- sphérique. Il est visible sur le profil que la membrane ventrale, fortement en déclivité, passe sous la lèvre supérieure du pseudo- stome. Cette lèvre est couverte de pores ouverts disposés sur toute sa longueur.

Dimensions. - Pénard indiquait comme grand diamètre : 190- 200 H pouvant arriver exceptionnellement à 250 jU. Nous avons noté dans nos récoltes : 170-210 n.

Ecologie. Selon Pénard : mousses et sphagnum. Nous avons rencontré cette espèce dans les mousses tcrricoles et particulière- ment abondante dans une mousse sur souche au sommet du col d’Ispéguy (Basses-Pyrénées) .

Distribution. Suisse, France, Angleterre, Ecosse, Irlande, Cornouailles, Devonsliire, Yorkshire, Allemagne, Tchécoslovaquie, Amérique Centrale, Brésil, Indes, Afrique (Ouganda), Java, Suma- tra, Nouvelle-Zélande,

PROCÈS-VERBAUX

37

Pour la distribution française, il convient de préciser que c’est Pénard qui, le premier, a signalé cette espèce de la Haute-Savoie en 1912. La forme que cite R. Thomas en 1954 (Faune du Bor- delais appartient non à cette espèce mais à B. c/racilis, décrite ci- après.

Bulliniilaria gracilis sp. nov. (fig. 9-10, pl. I)

= Biillinularia indica auct. plur.

- Biillinularia indica sec. Thomas, 1954, p. 249, fig. 8, pl. III.

Biillinularia indica sec. Bonnet et Thomas, 1955, p. 414.

B. indica est lourde, avec un revêtement pierreux très chargé, sa taille est voisine de 200 ». Nous trouvons dans les stations aériennes, sur calcaire, une Biillinularia beaucoup plus petite que B. indica et dont le revêtement est harmonieux, le plus souvent remanié parfois, avec une absence complète de revêtement pierreux; et, à ce moment, avec thèque ehitinoïde claire. La couleur de la thèque varie du chamois clair jusqu’au brunâtre, mais la transparence est toujours meilleure que chez B. indica. La thèque a une forme ellipsoïde (élargie dans l’axe latéral). Le pseudostome ainsi que les pores périphériques sont conformes à B. indica.

Dimensions. Pénard cite cette forme avec des dimensions allant de 120 à 125 ». Nous avons trouvé régulièrement ces mêmes dimensions avec une moyenne autour de 120 ».

Ecologie. Nous considérons cette Biillinularia comme parti- culière des stations basiques. Dans les sols, L. Bonnet et nous même l’avons rencontrée dans des prélèvements dont la roche mère était le calcaire et assez régulièrement dans les mousses et terres interstitielles des murs. Pénard signale cette forme de ces derniers habitats. Cette espèce est donc relativement aérophTle et basophile, fréquentant les stations à pH entre 7 et 8.

Distribution. Cette espèce a longtemps été confondue à Biillinularia indica: Pénard l’avait remarquée et signalée de Suisse (bois de Vcssy et environs de Chêne). Nous l’avons trouvée en France en Gironde (Talence, Saucats et Pessac) et L. Bonnet de Haute-Garonne (Marignac) .

38

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Le genre Difjlugia est représenté par la liste suivante :

Stations terricoles

Auteurs

Stations

Muscicoles

1 - X - acuminata

7

2 - X - binucleata

29, 30

3 - bombycina

14

4 - bryophila

1, 5, 19, 21

bryophila

5 - constricta

13,14,23,30

fi - X - corona

7

7 - X - elegans

30

8 - X - glans

7

9 - X - globulosa

19

10 - globulus

7, 13, 14

1 1 - X - lilhoplites

29, 30

12 - X - lobostùma

7, 13

13 - lucida

1, 13, 19

lucida

14 - manicata

7

15 - X - oblonga

7, 13, 19

X - oblonga v. angusli-

21

col lis

X - oblonga v. cylindrus

1

lfi - X - oviformis

21

1 7 - X - pris fis

7

18 - X - pcnardi

7, 21, 23

19 - X - pulex

30

pulex

20 - X - tuberculala

14, 19,21

21 - X - urceolata

13

22 - X - varions

30

Il est véritablement prodigieux que les auteurs du sol aient signalé dans les stations terricoles un nombre aussi considérable de Difjliif/ia. Nous relevons 22 espèces. Les Difflugia recherchent l’immersion complète et fort peu fréquentent les biotopes sub- aériens, nous ne connaissons que les suivantes, qui sont : D. bryo- phila, D. lucida, D. pulex (?). Difflugia globulus est connue des stations muscicoles, nous préférons l’écarter présentement. Difflugia constricla ne signifie plus, actuellement, rien de précis bien que celte espèce soit encore citée de certains auteurs.

Pour Difflugia bombycina Grandori, et cela sans préjuger défa- vorablement des travaux de ces auteurs, il ne s’agit pas d’une Difflugia, mais d’un Thécamoebien qu’il faudrait retrouver. Toutes les autres Difflugia de la liste (X) sont incontestablement d’aflinité aquatique.

PROCÈS-VERBAUX

39

Nos prospections terricoles, comme aussi celles de L. Bonnet, ne nous ont jamais permis de rencontrer d’autres Difflugia cpie celles qui fréquentent les mousses (les trois espèces citées plus haut) .

La raison de cette carence en espèces vient de ceci : les auteurs qui ont rencontré dans le sol des espèces aquatiques les ont obser- vées après culture des prélèvements. Par contre, nos observations sont faites à l’examen direct de l’échantillon.

Trois formes de DifflugieUa sont signalées dans le sol. Elles sont plus connues des spécialistes sous l’ancien nom générique de Cryptod i fflugia, ce sont :

Sous

Auteurs

Mousses

D. oviformis

1

I). oviformis

D. oviformis var. fusca

1

D sacculus

29

Ces espèces ont été crées par Pénard, les classificateurs ont choisi de classer dans les DifflugieUa, les Crytodifflugia non com- primés. Nous n’avons pas retrouvé, personnellement, D. sacculus qui a des exigences aquatiques; par contre, D. oviformis et sa variété fusca, assez fréquentes dans le sol et les mousses épigées, méritent d’être mieux connues et font l’objet ici d’un dévelop- pement.

DifflugieUa oviformis (Pénard) Bonnet et Thomas (fig. 13 à 21, pl. II)

= Cryptodifflugia oviformis Pénard.

= ? ? Geococcus vulgaris France, 1921 13].

Pénard, 1890. Etude sur les Rhizopodes d’eau douce, p. 108 et pl. VII, fig. 95-107.

Thèque ovoïde, régulière, petite, non comprimée, transparente, lisse, ouverte à une extrémité en un pseudostome circulaire, rare- ment excentrique, à bourrelet interne formé par un épaississement. Cytoplasme translucide, laissant à la partie postérieure un vide, dans la thèque, qui n’est pas relié par des épipodes. Noyau arrondi, un caryosome central, une pulsolc proche du noyau. Pseudopodes très transparents peu nombreux (1 ou 2), linéaires mais non fili- formes.

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France, 1921 [13], ici fig. 27, donne une description un peu sommaire d’un organisme Geococcus oviformis dont les dimensions concordent avec Difflugiella oviformis, peut-être faudrait-il voir un seul et même organisme (?) (Long. : 15-18 /x).

Dimensions. Selon Pénard, 1890 : long. = 15-18 u; diam. = 8-15 /x. Cash : long = 1(5-20 diam. = 12-15 g. Waïles et Pénard : long. = 10-22 g\ diam. = 12-14 g\ pseudos. = 3-4 g.

Play fai r : long. = 17-23 g\ diam. = 13-17 /x; pseudos. = 4-8 fx.

Van Oye : long. = 15-18 g. Jung : long. = 10-25 g\ diam. =

12-21 jx\ pseudos. = 4-7 g. Nous avons noté : long. = 13-20 [x ;

diam. = 8-10 g; pseudos. = 3-5 g.

Ecologie. Pénard, 1890, avait rencontré cette espèce dans un étang. G. Defi.andre, 1927 [9] indique : « Mousses mouillées d’une tourbière de transition ». Nous l’avons rencontrée à la fois dans les mousses humides épigées, mais aussi dans les terres acides ( pH = 4,5-5) et basiques ( pW 7-8).

Distribution. Allemagne, Suisse, Angleterre, Belgique, France, Hollande, Fcosse, Irlande, Tchécoslovaquie, U. S. A., Australie, Chili.

Difflugiella oviformis var. fnsea Pénard (fig. 15, pl. II)

= Cryptodifjlugia oviformis var. fnsea Pénard, 1890, p. 109, pl. VU, fig. 100, 101, 103, 104, 100, 107.

= C ry plod i fflugia vutgaris Yolz, 1929, p. 353.

Bonnet et Thomas, 1955 [1], p. 418.

Thomas [20], p. 27.

Cette variété ne diffère du type que par une nuance jaune jusqu’à brunâtre, au lieu d’être incolore comme ce dernier. Voici ce qu’en dit Pénard, 1890 : « Plus tard, mais dans les sphaignes et les mousses, j’ai retrouvé un organisme absolument semblable, sauf pour la couleur de la coque, qui variait du jaune au brun, blanchissant lentement par l’acide sulfurique, et résistait parfaite- ment à la chaleur rouge, tandis que dans l’espèce hyaline (Di/ft. oviformis ) , j’avais cru remarquer que la coque d’apparence mem- braneuse, finissait par se dissoudre complètement dans un acide fort (j’avais employé l’acide nitrique pur). Malgré ces différences, l’organisme semble être le même; tout au plus pourrait-on appeler var. fnsea la forme à membrane colorée. »

Dimensions. Pénard : long. = 15-18 g', diam. = 8-15 g. Volz, 1929 : 15-21 g, en moyenne 15-18 g. Nous avons noté : long. = 15-20 diam. = 10 g.

Ecologie. Sphaignes et Mousses selon Pénard : terre sous mousses, forêt de Belesta (Ariège) (prélèvement L. Bonnet), pH = 5. Terre sous tache à sphaigne en sous-bois, Pessac (Gironde), pH = 4,

PROCÈS- VERBAUX

41

Distribution. Pénard n’indique pas la provenance de cette variété. Nous l’avons trouvée en France, mais elle est encore trop peu connue pour connaître sa répartition biogéographique.

Pour le genre Ileleopera, cinq espèces sont citées par les auteurs du sol, ce sont :

Stations terric.oi.es

Auteurs

Stations

Muscicoles

1 - 0 - penardi

1

penardi

2 - 0 - petrieola

1, 19,21

petrieola

X - petrieola v. amethyslea

21

+ - petrieola v. bumieola

1

3 - * - piela

3, 19

4 - * - rosea

1, 13, 19

5 - 0 - sylvatiea

1,13,19,21

si/luatica

Ici, une seule de ces formes paraît pour l’instant être véritable- ment adaptée aux biotopes terricolcs : II. petrieola var. humieola. Ileleopera piela et II. rosea sont caractéristiques des tourbières acides, et II. petrieola var. amethi/stea est d’affinité aquatique, lacustre, incontestable. Les trois autres (0) sont à la fois muscicoles et terricolcs. Nous présentons ici une variété de //. petrieola, II. petrieola var. major. Cash, qui était fréquente dans nos récoltes et qui semble assez peu connue, tout au moins dans les stations qui nous intéressent.

Heleopera petrieola var. major Cash (fig. 7-8, pl. I) Cash, 1909. The British Freshawater Rhizopoda and Helio- zoa, vol. II, p. 139.

Comme son nom l’indique, cette variété est d'une taille plus forte que le type. La couleur de la thèque est soit marron-rouge, soit purpurine. Le revêtement est fortement pierreux à la façon des Difjliiç/ia, relativement volumineux, par les éléments. Cette variété ressemble «à la var. amethystea de la même espèce, mais ici l’habitat est lacustre; de plus, les écailles de recouvrement chevauchent les unes sur les autres et la teinte est très claire. Tous ces caractères font que cette dernière variété ne peut être véritablement confondue avec la variété major.

Dimensions. Cash indique : long. = 100-125 Jung, 1912 : long. = 121-153 fi. Nous avons noté : long. = 130-149 fL; larg. = 75-84 fi; épaisseur = 65-68

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42

Ecologie. Cash indique : Sphagnum et Mousses aquatiques. Nous trouvons cette forme dans le sol, dans les marnes décalcifiées sur Lias, bord de la route de Montrieoux et Sainl-Antonin (Tarn- et-Garonne) (Leg. L. Bonnet).

Distribution. Connue d’Angleterre, d’Ecosse, du Canada, des lT. S. A., du Chili, nouvelle pour la faune française.

Dix espèces de Nebeta ont été citées du sol, ce sont :

Stations terricoi.es

Auteurs

Stations

Muscicoi.es

1 americana (?)

19

2 - 0 - bohemica

14, 19, 21

bohemica

3 - 0 - cottaris

13, 19, 21, 29 (Thomas, inédit)

cottaris

4 - ~ - dentistoma

19, 21

(Thomas, inédit)

5 - () - lageniformis

1, 13, 19, 21 (Thomas, inédit)

lageniformis

(5 - 0 - militaris

1, 19, 21

militaris

7 - # - ( quadrulella) symme-

trica

13, 19, 21

8 - - tubulata

1

9 - * - tu b ut osa

1, 14, 19

10 - X - vitraea

21

ivaitesi

Le nombre des Nebeta du sol apparaît assez considérable pour des Thécamoebiens qui sont des katharobes avec un grand besoin d’air... Pour notre compte, nous ne connaissons en fait de Nebeta tcrricoles que celles qui vivent dans les mousses épigées.

Désirant approfondir cette question, nous avons recherché ces Thécamoebiens dans les sols qui sont immédiatement placés sous des mousses tcrricoles acides ou très acides donc favorables au peuplement ou encore sous des « taches » à sphaignes dans les bois à sols siliceux. Et nous arrivons à cette conclusion : les terrains acides, de nature humique, ayant porté à leur surface des sphaignes ou des mousses à pH acide (entre 4 et 5,5) ont des chances d’abriter des Nebeta parmi lesquelles : Nebeta barbota, N. bigibbosa, N. bohemica, N. cottaris, N. dentistoma var. tacustris, N. lageniformis, N. militaris, N. (Quadr.) symmetrica, N. lincta, N. lubulata, N. wailesi. Par contre, N. americana, citée par K. Rosa, est difficile à caractériser et N. vitraea est incontestablement lacustre.

l’ROCÈS-VERBAUX

43

Nous donnons fig. 32, pi. II, une AT. lincta dont tous les individus de la récolte étaient bourrés de nombreux «germes» (??); ces corps ressemblent à des sortes de zygotes, cpii ne sont pas sans analogie avec ce qu’on observe chez les II artmannellidae (amoebiens nus) ou encore après accouplement chez Paraquadrula irregularis. Ils n’étaient pas des parasites.

Pour les sols, voici la liste des espèces que nous considérons comme les plus fréquentes dans nos récoltes :

Nebela bohemica, collaris, lageniformis, militaris, minor, par- vula, lincta, tubulata, wailesi.

L’étude de ces quelques genres nous permet de remarquer qu’un certain nombre de Théeamoebiens recherchent beaucoup d’eau et sont généralement aquatiques. Comment expliquer, à ce moment, leur présence dans des stations terricoles ? A notre sens, bien des Théeamoebiens sont par hasard, et à la faveur des circonstances; ils se développeront ou au contraire mourront.

L. Varga [29], 193(i, a recherché et cultivé les Théeamoebiens des sols du Sahara et des Hauts Plateaux Algériens. Il signale quinze espèces de Théeamoebiens qui sont :

Cryptod i 1)1 u </ i a saccidus Pénard Nebela lageniformis

Nebela collaris

Au moment de la récolte, les échantillons de terre contenaient entre 4,9 et 10 9c d’eau avec un pH variant de 6,26 à 7.91 et une richesse humique comprise entre 0,22 et 1.04 % . C’est dire combien ces conditions apparaissent défavorables au peuplement Théca- moebien, et les espèces n'ont pu être « révélées » que par la culture des prélèvements.

En effet, il n’est pas concevable que des espèces aussi exigentes en eau que : Difflngia lithopliles, Phryganella nidnlus, Englypha mncronala, etc... puissent s’accommoder des stations aussi défici- taires en eau.

Ceci renforce, une fois de plus, notre hypothèse de l’existence des « germes » capables de coloniser un sol et de développer l’espèce dès que les conditions deviennent favorables et parti- culièrement la teneur en eau des stations.

Difflngia binucleata lithopliles

Englypha compressa laevis mncronala tnbercnlata

Parmnlina oblecta

Phryganella nidnlus Sphenoderia tenta Trac h e le agi y p h a de nia la T ri ne ma complanatum Pénard Trinema enchelys

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SOCIÉTÉ LINNEENNE DE BORDEAUX

V. FAUNULES TERRICOLES ET MUSCICOLES A LA FRONTIÈRE L’UNE DE L’AUTRE

Nous allons donner un exemple montrant comparativement les faunules thécamoebiennes d’une mousse terricole et celle de la terre située immédiatement au-dessous; il s’agit d’un Hypnum sp., croissant sur un sol forestier humifère, assez peu humide, formé sur roche péridotique.

Faunule de la terre

Faunule de la mousse

Centropyxis aerophila v. spha-

Cenl. aerophila v. sphagnicola

gnicola

Cenlropyxi s plagioslom a

Centropyxis platystonia spec.

C entro p y xi s sylvali ca

Centropyxis sylvatica

Cyclopyxis kalili

Difjlugia bryophila

Euylypha ciliata

Euglypha rolunda

Euglypha rolunda

Ilcleopera pelricola v. humi-

cola

Ilcleopera sylvatica

Nebela collaris

Nebela collaris

Ne b ela l agen if or m is

N e b ela l a g e ni f or m i s

Nebela tincla

Nebela line la

Phryganella acropodia

Phryganella acropodi a

Plagiopyxis callida

Plagiopyxis labiala

T ra c bel eu g lypha acoll a

T racheleugly pha acolla

Trinema enchelys

Trinema enchelys

Trinenia lineare

Trinema lineare

Nous remarquons que certaines espèces sont présentes de part et d’autre, mais qu’elles sont plus nombreuses dans la terre (10 formes), que dans la mousse (10 formes). Cette récolte ayant été effectuée en période sèche, au printemps, les espèces « hygro- philes » ont émigré dans le sol; les espèces aérophilcs, au contraire, sont présentes dans la mousse. En période hivernale, c’est-à-dire en saison plus humide, la répartition eût pu être différente.

Voici un autre exemple dans lequel nous donnons l’analyse d’une mousse en coussinet (Grimmia pulvinala) , croissant sur un mur calcaire; sous la mousse se trouve un début de sol squelettique.

MtOCÈS-VEHBAUX

45

L’analyse des deux stations nous donne la répartition suivante :

fAUNULE DU son

Faunule de la mousse

Arcclla arenaria

Arcella arenaria

Biilliiiularia gracilis

Cent ro pyxis aerophila Centropyxis aerophila v. glo- bal osa

Centropyxis minuta

C en Ira p yx is s ylvat i ca Cyclopyxis kaldi Euglypha tuberculata

C enlro pyxis syl vati ca

Phryganella acropodia Play i o pyxis call i da Plagi o pyxis de cl i vis

Phryganella acropodia

Trinema enchelys

Trinema enchelys

Nous pouvons remarquer que toutes les espèces présentes dans la mousse sont aérophiles; le sol, qui en contient également, nous donne aussi d’autres espèces comme : Biilliiiularia gracilis, Cyclo- pyxis kahli, Plagiopyxis callida, P. declivis, qui peuvent être considérées comme plus hygrophiles. Par leur présence, Trincma enchelys et Phryganella acropodia, qui sont ubiquistes, n’apportent rien à notre démonstration.

VI. THÉCAMOEBI E N S DES MUSCINÉES NON RENCONTRÉES

JUSQU’ICI DANS LES SOLS

Certaines espèces connues des stations muscicoles n’ont, jusqu’ici, pas été retrouvées dans les biotopes terricolcs. 11 s’agit, d’une part, d’espèces aériennes fragiles, dont l’étude ne peut se faire que sur le vivant, et d’autre part, de quelques espèces que l’on trouvera peut-être ailleurs un jour. Malgré ces exceptions, environ 85 % des Thécamoebiens trouvés dans les mousses terricolcs sont signa- les dans le sol par les divers auteurs spécialisés dans l’étude de ces faunules. Nous donnons ci-dessous la liste des formes non retrouvées dans le sol :

Capsellina bryorum Pénard Cyclopyxis eurystomn v. sienostoma Deeloître Diplochlamys frayilis Pénard gruberi Pénard veslila Pénard

46 SOCIÉTÉ UNNÉENNE DE BORDEAUX

Microcorycia aculeata (Greeff) Awerintzcw p e nard i Awerintze w

phy salis Pénard

tesselata Pénard

radiaia (Brown) Hopkinson Lieberkuehnia wageneri Clap. et Lach. Nebela minor Pénard

parvula Cash

ivailesi Deflandre Par muli na c y alluis Pénard Pseudodifflugia sylvarum Pénard

VII.

SPÉCIALISATION DES FAUNULES TERRICOLES

Si les Thécamoebiens des sols peuvent être les mêmes que ceux des mousses, il faudrait peut-être admettre qu’il n’y a pas une spécialisation des faunes terricoles; il n’en est probablement pas ainsi, surtout d’une manière aussi absolue. Il est certain que la majorité des Thécamoebiens du sol sont connus d’autres stations, en particulier des stations muscicoles; néanmoins, nous y trouvons des genres et des espèces, en petit nombre il est vrai, qui semblent étroitement liés aux stations terricoles. Vivant dans des biotopes particuliers, dont les conditions nous apparaissent comme peu favorables, ces Thécamoebiens possèdent une morphologie spéciale et, pourrait-on dire, adaptative : le pseudostome tend, non pas à disparaître, mais à être dissimulé et fort réduit par une crypto- stomie qui nous frappa dès le début de nos recherches, entreprises avec L. Bonnet [1].

Voici la liste des espèces qui, actuellement, paraissent liées aux stations terricoles; pour le moment, elles n’ont pas été rencontrées ailleurs. Il est probable que cette liste s’allongera au fur et à mesure que se poursuivront les travaux spécialisés O.

Centropyxis aerophila var. globulosa Bonnet et Thomas. plagiostoma Bonnet et Thomas.

var. terricola Bonnet et Thomas. sylvatica var. minor Bonnet et Thomas. uandeli Bonnet.

var. globulosa Bonnet.

Difjhigia bombyeina Grandori.

Geococcus viilgaris Francé.

Geopyxella sylvicola Bonnet et Thomas.

Schwabia terricola Bonnet et Thomas.

var. tliomasi Bonnet.

Tracheleuglypha acolla var. aspera Bonnet et Thomas.

(1) L. Bonnet nous signale (in littcris) la découverte d’une quinzaine de formes nouvelles.

PROCÈS- V HR B A U X

47

VIII. CONCLUSIONS

Parmi les facteurs principaux permettant de baser une écologie des Thécamoebiens, nous avons donné la priorité au facteur eau; à ce facteur primordial, peut être opposée l’aérophilie, opposition plus apparente que réelle, comme nous l’avons vu plus haut : dans le complexe eau-air ou air-eau, il n’est question que de degré. Si certaines espèces sont purement aquatiques, d’autres, au contraire, arrivent à vivre dans des conditions d’humidité infimes et peuplent ainsi en Thécamoebiens des milieux qui, a priori, apparaissent défavorables.

Des auteurs comme G. Deflandre, 1927 [9], 1928 10 , 1936 11 avaient déjà mis l’accent sur la nécessité de considérer, à l’inté- rieur d’un milieu, des « stations » en fonction étroite avec la notion d’humidité, de mouillé, de très mouillé et enfin de sub- mergé. Cette progression dans l’humidification permet de relier ce facteur aux autres, car dans chaque degré successif nous pouvons considérer le pH, l’action de la lumière, des bioeoenoses déjà établies, etc.

Hypothétiquement favorisée par le transport de « germes » par les grands courants aériens ainsi que par d’autres facteurs, l’instal- lation des faunulcs à Thécamoebiens ne se fait que lorsque chaque espèce trouve la station dans laquelle sont réunies les condition? nécessaires à son développement; toujours étroitement lié à celui de l’humidité, chaque facteur pouvant être prioritaire scion les espèces.

Les Thécamoebiens rencontrés dans le sol sont pour la plupart des représentants connus des faunes muscicoles et parfois spha- gnieoles, les formes aquatiques y sont rares et accidentelles. Chez certaines espèces installées dans le sol, on observe une remarquable tendance à la cryptostomie. Un petit nombre de genres et d’espèces semblent vivre uniquement dans les stations terricoles, elles n’ont jusqu’ici pas été retrouvées ailleurs.

4

Société linnéennü bfc üolu>l:.\UK

4 s

EXPLICATION DES PLANCHES

PLANCHE I

Fig. 1 à 6. Centropyxis yaulhieri sp. nov. ; fig. 1 : vue apicale

oblique; fig. 2 : même vue plus oblique que la précédente; fig. 3 : vue dorsale; fig. 4 et 6 : vues ventrales; fig. 5 : vue latérale, coupe médiane.

Fig. 7-8. lleleoyera pelricola var. major Cash; fig. 7 : vue frontale; fig. 8 : vue latérale.

Fig. 9-10. Biillinularia gracilis sp. nov. Fig. 11-12. Biillinularia indica Pénard.

PROCÈS-VERBAUX

49

PLANCHE I

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SOCIÉTÉ L1NNÉENNE I)E BORDEAUX

PLANCHE II

Fig. 13 à 21. Difflugiella ooiformis (Pénard) Bonnet & Thomas; fig. 13, 16, 17, 20, 21 d’après Pénard, 1890; fig. 14 : Cryptodi/flugia vulgaris d’après Voltz (/ 1 360 ) ; fig. 15 : var. fusca, original.

F'ig. 22 à 26 et 28 à 31, 34. Centropyxis elongata (Pénard) coml. Nov. fig. 24, 26, 28 : vues latérales; fig. 22 à 26 : d’après Pénard, 189*'; fig. 28, 29, 30, 31, 34 : original.

F'ig. 27. - Geococcus vulgaris F'ranee d’après un dessin donné par Grandori, 1934; fig. 32-33.

Fig. 32-33. Kystes de Nebela; fig. 32 : formations particulières obser- vées par l’auteur chez Nebela T inet a qui paraissent être des corps reproducteurs (?) mais dont l’identité exacte ne peut être donnée; fig. 33 : kyste de repos observé chez la même espèce, avec bouchon de débris (ép.) obturant la thèque.

Grossissements : échelle 1 pour les fig. 7 à 12; échelle 2 pour les fig. 1 à 6 et 28 à 34.

PROCÈS-VERBAUX

51

PLANCHE II

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SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX

BIBLIOGRAPHIE

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PROCÈS-VERBAUX

53

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Réunion du 2 mai 1959

Présidence de M. le Docteur A. Bacdrimont, Président.

Communication. M. A. Baudrimont : A propos de quelques exemplaires de Vipera aspis L. de la région girondine et des Pyré- nées centrales françaises. (Note accompagnée de présentation.)

A propos de quelques exemplaires de Vipera aspis L. de la région girondine et des Pyrénées centrales françaises

par A. Baudrimont

A notre réunion du fi octobre 1943, notre regretté collègue, le Docteur Bastin de Longueville présentait et offrait à notre Société un bel exemplaire de Vipère, étiqueté Polios berus L., capturé quelques jours plus tôt à Saint-Quentin-de-Baron (Gironde).

M. Argilas, désireux de l’étudier à loisir, demanda l’autorisation de l’emporter; mais, obligé peu après de quitter définitivement Bordeaux, il me la confia pour la rapporter et mettre en place dans nos collections.

Ayant toujours entendu dire que la présence de la Péliade dans notre région du Sud-Ouest était très contestée, je me proposai de l’examiner à mon tour; mais, empêché pour des raisons diverses, je retardai de jour en jour lorsque, en juin 1957, un de mes amis

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SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX

me fit parvenir une belle Vipère de 0,50 m qu'il venait de tuer entre Ludon et Parempuyre, plus près de cette dernière localité.

Il s’agissait - comme c’était aussi ma première opinion pour celle de Saint-Quentin-de-Baron de Vipera aspis L. .l’eus néan- moins l’impression que ces deux exemplaires girondins différaient légèrement, quant à leur allure générale, de ceux que j’avais eu l’occasion d’observer ou de tuer dans les Hautes-Pyrénées. Je décidai alors non plus de vérifier seulement la détermination de l’exemplaire de Saint-Quentin, mais de confronter entre eux mes différents échantillons, trop peu nombreux malheureusement, quelle que soit leur provenance, girondine ou pyrénéenne. C’est le résultat de ces observations que je vous apporte aujourd’hui.

De l’avis de tous les auteurs, les caractères pouvant être utilisés pour l’identification des Ophidiens sont extrêmement variables, non seulement dans l’ensemble du groupe, mais encore dans une même famille, un même genre, une même espèce. Les dissem- blances individuelles résultant de cette variabilité sont particu- lièrement accusées dans la famille des Viperidae.

La détermination des différentes espèces de Vipères peut donc présenter quelques difficultés du fait des variations fréquentes de l’écaillure de la tête et du corps, de l’aspect général des individus et plus encore de leur coloration et des dessins qui les ornent.

C’est certainement l’écaillure de la tête qui montre les caractères les plus spécifiques et les moins variables. Ce sont les seuls que je retiendrai, laissant systématiquement de côté tout ce qui a trait à l’ornementation et à la coloration générale du corps (plus ou moins altérée d’ailleurs par un séjour prolongé dans l’alcool), ainsi qu’au nombre des séries longitudinales d’écailles dorsales, comptées au milieu du corps.

1. Exemplaire de Saint-Quentin-de-Baron (Gironde)

Tête allongée, ovale, distincte du cou, dessus plat légèrement bombé transversalement entre les préoculaires; museau tronqué, un peu relevé à son extrémité par les deux petites écailles situées en arrière de la rostrale, ce dont il est plus facile de se rendre compte par le toucher que par la vue.

Rostrale nettement plus haute que large, un peu arrondie au sommet, occupant toute la hauteur du museau. De chaque côté, rostro-nasaie aussi haute que le museau. Préoculaire séparée de la nasale par deux rangées verticales d’écailles. Deux rangées de petites écailles entre l’œil et les labiales supérieures. Sur le dessus de la tête, déliassant en arrière une ligne fictive réunissant les bords postérieurs des deux supra-oculaires, frontale très nette et deux pariétales bien marquées, presque égales, la droite cependant un peu plus petite, dont l’ensemble forme un écusson assez régulier rappelant celui de V. bénis, mais beaucoup plus petit. (Chez T. bénis, la frontale et les pariétales sont au moins aussi longues et plus larges que les supra-oculaires, ce qui est loin d’être le cas dans l’exemplaire présent frontale et pariétales arrivent à peine, en longueur, à la moitié des écailles surcilières.) Entre les trois écailles de cet écusson, une toute petite écaille interfronto-parié-

PROCÈS-VERBAUX

55

talc. Eu dehors et sur tout le dessus de la tête, petites écailles subégales, saut les prefrontales qui sont un peu plus grandes. Les écailles commen- cent a être carénées presque aussitôt après les pariétales.

En conséquence, malgré la présence d’un écusson fronto-pariétal assez régulier, du fait de ses faibles dimensions et plus encore de la double rangée de petites écailles interposées entre l’œil et les labiales supé- rieures, on est en droit d’affirmer qu’il s’agit bien d’une forme parti- culière de l . aspis et non de V. berus. D’ailleurs, A. Tournevii.le cite un exemplaire de V. aspis des environs des Eaux-Bonnes (Basses- Pyrénées) et un autre de l’Hérault présentant un écusson semblable à celui de l . berus, mais avec des squames plus petites, et il ajoute que ce caractère se retrouve encore sur un échantillon de la Gironde et un autre du col d’Artouste (Basses-Pyrénées). 11 fait de plus remarquer cpi il ne faut pas regarder cette persistance d’un écusson céphalique plus ou moins complet et de dimension variable chez les formes méri- dionales d’A s pis comme une règle presque générale, car dans le midi de la France beaucoup d’individus de la même espèce en sont dépourvus.

Celte forme un peu particulière d’Aspic ne se rencontre d’ailleurs pas seulement dans notre région; Viaud-Grand-Marais, cité par Tournevii.le, mentionne dans ses « Etudes médicales sur les Serpents de la Vendée et de la Loire-Inférieure» qu’il a observé dans la même localité, à Faye- l’Abbesse, deux Vipères ayant un museau retroussé avec trois petites plaques syncipitales et plusieurs rangées (t’écailles sous-oculaires, qu’il ne serait pas éloigné de regarder comme des « métis » bien qu’elles se rapprochent beaucoup plus de l’Aspic que de la Péliade.

2. Exemplaire des environs de Parempuyrf. (Gironde)

Fête triangulaire avec cou bien distinct, dessus plat, nettement relevé à l’extrémité du museau qui est tronqué. Rostrale et rostro-nasales occupent toute la hauteur du museau. Préoculaires séparées de la nasale par deux rangées verticales de petites écailles. Entre l’œil et les sus- labiales, deux séries superposées de petites écailles. Frontale hexagonale, bien marquée. Pariétales et préfrontales plus petites, séparées de la frontale par de petites écailles. Partout autour, en avant et en arrière, petites écailles égales ou subégales.

3. Exemplaire des Baronnies, plus exactement de Banios, au Sud-Est de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées)

Dans l’ensemble, mêmes caractères. Tête plus allongée, plus anguleuse, plus déprimée entre et en avant des supra-oculaires (surcilières) que chez les formes girondines précédentes. Museau nettement retroussé. Squame frontale seule bien distincte, mais petite. Deux rangées d’écailles entre l'œil et les labiales supérieures.

4. Exemplaire de Sia,

vallée de Luz-Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées)

Tête allongée, cou distinct, angles bordant latéralement le museau plus accusés. Museau plus allongé à extrémité plus étroite, nettement retroussé. Frontale bien indiquée, plus étendue transversalement que dans le sens antéro-postérieur. Squames entourant la frontale et celles situées immédiatement en arrière un peu plus grandes; dans l’ensemble, écailles du dessus de la tête et du museau légèrement plus grandes que dans la forme commune. Deux rangées d’écailles entre les labiales supé- rieures et l’œil, la rangée inférieure étant cependant interrompue par le sommet de la quatrième sus-labiale qui, sur la largeur d’une petite

56

SOCIÉTÉ UNNÉENNE DE BORDEAUX

écaille, entre en contact avec la série supérieure et cela symétriquement des deux côtés.

En raison de ce fait et de la dimension plus grande des squames du dessus de la tête, on pourrait peut-être se demander s’il ne s’agit pas d’une forme de passage entre la sous-espèce Y. berus Seoanei décrite d’Espagne par F. Lataste et l . aspis. Malgré ces minimes différences d’aspect, c’est bien un Aspic authentique, comme en témoignent l’extré- mité du museau très nettement relevé, la rostrale sensiblement plus haute que large et, sur l’occiput, le commencement de la ligne noirâtre du dos, non en forme de pilon arrondi, mais de massue plus ou moins aplatie surmontée d’une pointe comme dans mes autres exemplaires.

5. Exemplaire des environs de Lagnouède, près de Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées)

Jeune individu. Tête plus allongée, cou moins marqué. Museau plus étroit à son extrémité qui est tronquée et nettement retroussée. Frontale à peine plus grande que les écailles environnantes, mais néanmoins reconnaissable. Deux rangées de petites écailles séparant l’œil des labiales supérieures.

A piqué une fillette d’une dizaine d’années qui, de suite traitée par les moyens habituels et le sérum antivenimeux E R de l’Institut Pasteur, n'a guère présenté que des troubles locaux cpii ont rapidement cédé.

6. Exemplaire de la vallée de Luz (Hautes-Pyrénées)

Tête allongée, élargie au niveau des masséters, d’où cou bien distinct; se rétrécit brusquement vers l’avant à partir des yeux. Museau trian- gulaire, plat et même déprimé dont l’extrémité tronquée et très retroussée paraît, vue de face, presque pointue. Lèvre supérieure dépas- sant fortement l’inférieure. Sur le dessus du crâne, écailles subégales, cependant frontale et pariétales bien indiquées. Entre la préoculaire et la nasale, deux séries verticales de petites écailles. De même, deux rangées interposées entre l’œil et les sus-labiales. Il s’agit encore, sans aucun doute, de Yipera aspis; mais, vu l’aspect triangulaire du museau et son extrémité amincie fortement relevée, on pourrait peut-être penser qu’il y a comme une sorte de tendance vers la forme Yipera latastei qui n’existe pas en France, mais a été signalée en Espagne et en Algérie par Bosca. En bref, mêmes caractères que les échantillons précédents, mais plus accusés.

Comme je l’ai annoncé en commençant, je n’ai tenu compte que des caractères majeurs de l’écaillure de la tête qui seuls sont vraiment spécifiques et suffisent amplement pour rapporter les six échantillons présents à la même espèce, Yipera aspis L. Mais si, ces principaux caractères une fois constatés, on examine plus en détail ce revêtement écailleux, on reconnaît bien vite qu’il n’y a pas deux exemplaires absolument semblables.

Trois espèces de Vipères se rencontrent en France : Yipera ursinii Bonap., qui appartient à peine à notre faune, son habitat étant limité chez nous à quelques localités peu étendues dans les Basses-Alpes et le Vaucluse; Yipera berus L. et Yipera aspis E. A l’encontre de V. ursinii, ces deux dernières espèces sont fréquentes et même abondantes dans certaines régions de notre pays elles sont irrégulièrement réparties; Y, berus est surtout

PROCÈS-VERBAUX

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septentrionale, V. aspis, bien qu’occupant une aire plus étendue, est plutôt méridionale.

Leur détermination respective est rendue parfois difficile par suite des nombreuses variations de l’écaillure de la tête et du corps, de leur coloration et de leur aspect général, qui peuvent faire croire que l’on a affaire à des espèces différentes alors qu’il ne s’agit que de formes diverses d’une même espèce. Dès 1874, notre ancien collègue F. Lataste estimait que la Péliade et l’Aspic, tout en étant deux espèces parfaitement distinctes, sont tellement voisines l’une de l’autre que leur répartition en deux genres diffé- rents ne saurait être justifiée et que l’on peut passer de l’une à l’autre par une série de gradations insensibles. D’ailleurs, dans les régions cohabitent ces deux espèces, on rencontre des individus présentant des caractères intermédiaires qui ont permis de les considérer comme des hybrides ou des races locales établis- sant le passage entre elles (F. Angel).

Vipera berus ne semble pas exister dans le Sud-Ouest de la France, bien qu’elle ait été signalée en Charente-Maritime. Lataste ne l’a pas rencontrée en Gironde, et Tournevii.le ne l’y mentionne pas davantage. A. Oranger pense que si la Péliade a été indiquée dans la région du Sud-Ouest, ce n’est « que par une confusion probable résultant de la forme des écussons de la tête : on trouve, en effet, des vipères Aspics sans plaques céphaliques, d’autres avec une seule plaque formant écusson, et enfin des individus ayant trois plaques qui les ont fait confondre avec la Péliade ». Angel ne la cite pas non plus dans le Sud-Ouest; il ajoute cepen- dant qu’elle a été signalée mais avec quelque doute par P. Beck dans les Hautes-Pyrénées. Cet auteur dit, en effet, que «d’après certaines indications données par des montagnards », la Vipère Péliade doit se trouver dans ce département. Les dires de ces « montagnards » sont, a priori et sans autres preuves, bien sujets à caution. Ils ont très bien pu être induits en erreur par la Cou- leuvre vipérine qui est commune dans les Hautes-Pyrénées. « La ressemblance de sa robe avec celle de la Vipère Péliade la fait toujours prendre pour celle-ci; aussi est-elle souvent impitoya- blement pourchassée et massacrée» (F. Angel). Tout le monde connaît la méprise de Duméril. En tout cas P. Roxnou, institu- teur à Cèdre, dans un de ses manuscrits malheureusement non publiés sur la Vallée de Barèges, n’en souille mot et ne cite comme Ophidiens de la région que : Tropidonolns nalrix, Tropicionolus viperinus, Coronella lævis, Zamenis viridiflavus et Vipera aspis.

A. Tournevii.le admet que nos Vipères d’Europe présentent entre elles de nombreux liens de parenté permettant de leur assigner une origine commune. Il pense que V. berus doit être la forme la plus ancienne du fait de son immense extension de l’Angleterre au Kamtchatka et de la Suède à l’Espagne par sa sous-espèce Seoanei décrite par Lataste. Cette opinion semble,

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dans une certaine mesure, trouver une apparence de confirmation dans les fréquentes et insensibles variations qui relient les cl i H c- rentes formes de Vipero aspis du Sud-Ouest aux espèces immédia- tement voisines : Vipera berus en allant vers le Nord et Vipera lalastei Boscâ en Espagne. Il n’est peut-être pas sans intérêt de noter à ce sujet que l’agencement des plaques frontale et pariétales en écusson rappelant celui de V. berus est fréquent chez les vipéreaux (V Aspis prélevés dans l’utérus maternel et chez lesquels cette disposition disparaît par la suite (F. Angel).

Il semble en définitive que de celte brève étude et malgré le nombre restreint des sujets examinés, on soit en droit de poser non sans faire sur certains points quelques prudentes réserves les conclusions suivantes :

L’exemplaire de Saint-Quentin-de-Baron qui, avec un écusson céphalique assez régulier mais moitié moindre que celui de la Péliade, présente une rostrale nettement plus haute que large et surtout deux rangées de petites écailles entre l’œil et les labiales supérieures, doit être rapporté sans hésitation à l’espèce Vipera aspis L.

Les six exemplaires qui font l’objet de cette note sont donc bien tous des Aspics; un examen, même superficiel, permet bien vite néanmoins de se rendre compte que par quelques caractères ils diffèrent tous les uns des autres.

Le caractère distinctif qui l’emporte sur tous les autres entre V. berus et V. aspis est certainement l’existence d’une seule rangée d’écailles entre l’œil et les labiales chez la première au lieu de deux séries d’écailles plus petites chez la seconde.

Ce caractère, qui est assurément le plus constant, n’est pour- tant pas lui-même absolu et peut encore présenter lui aussi quel- ques rares variations, les unes de faible valeur eomme dans notre exemplaire de Sia la série inférieure des écailles interoeulo- labiales est interrompue au niveau de la quatrième labiale, d’autres plus importantes comme dans la sous-espèce V'. berus seoanei de Lataste qui présente un état intermédiaire avec une seule rangée d’écailles au-dessous de la moitié antérieure de l’œil et deux au-dessous de sa moitié postérieure (Tourneville) ou dans V. berus qui peut avoir exceptionnellement deux rangées (Angel).

Dans notre région girondine, la tête de V. aspis m’a paru avoir des contours moins anguleux, les bords supérieurs du museau sont moins tranchants, le corps est moins élancé que dans les formes pyrénéennes; mais il y a lieu de faire quelques réserves vu le petit nombre et la différence de taille des indi- vidus étudiés.

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Dans le Sud-Ouest de la France, V. berus ne semble pas avoir été signalée de façon certaine, par contre, la forme d’Aspic munie d’un petit écusson plus ou moins régulier, comme l’échantillon capturé en 1943 à Saint-Quentin-dc-Baron, a déjà été mentionnée en Gironde, dans les Basses-Pyrénées, l’Hérault et aussi, en mon- tant vers le Nord, la Vendée et la Loire-Atlantique.

En l’absence de la Péliade, non signalée avec certitude dans nos départements du Sud-Ouest, ces formes à écusson amoindri coïncidant avec d’autres caractères propres à V. aspis, ne peuvent être considérées comme des hybrides, mais plutôt comme des races locales provenant vraisemblablement de mutations lointaines, fixées par suite des difficultés de s’éloigner bien loin de leur lieu de naissance pour ces animaux privés de membres loco- moteurs, fuyant l’humidité, arrêtés par le moindre cours d’eau et qui, moins agiles que les autres Ophidiens, restent au voisinage de leur retraite et chassent à l’affût sans poursuivre leur proie, d’où un isolement relatif pouvant s’opposer dans une certaine mesure aux croisements de retour.

En toute dernière analyse, de la Dordogne aux Pyrénées, on est susceptible de rencontrer, sans sortir de l’espèce Aspis, toutes les variations possibles, depuis la forme à museau peu ou pas retroussé avec un petit écusson bien dessiné ou une simple fron- tale' de plus en plus réduite jusqu’à la forme typique à vertex revêtu (l’écailles petites et subégales, avec un museau retroussé ou même fortement relevé, qui laisse prévoir l’espèce ou forme très voisine, V. lalastei, signalée plus au Sud par Bosca de l’autre côté des Pyrénées.

On comprend dès lors que l’erreur soit parfois possible, et c'est bien à propos des caractères si variables et d’inégale valeur des Reptiles et tout particulièrement des Vipères qu’il faut se rappeler le précepte de Bernard de Jussieu : « Il faut peser les caractères et non pas les compter ».

Une telle diversité de formes, reliant les individus les uns aux autres dans une même espèce et de même les espèces entre elles, au point qu’il est parfois difficile de dire finit l’une et commence l’autre, met bien en évidence que la notion d’espèce, pour le natu- raliste simplement observateur et classificateur, est plus ou moins relative et comporte, dès son origine, une appréciation d’ordre subjectif. Dans le groupes des Vipères, en particulier, l’espèce ne représenterait qu’un type moyen autour duquel gravitent de multiples types individuels. Leur classification, du simple point de vue de la systématique, ne peut donc être en définitive qu’une question plus ou moins conventionnelle.

Bibliographie som m aire

Angel (F.). Faune de France, vol. 45. Reptiles et Amphibiens, Paris, P. Lechevalier, 1946, p. 155 et suivantes.

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SOCIÉTÉ LINNÉENNE 1)E BORDEAUX

Iîastin de Longueville (Dr). Présentation d’une Vipère péliade captu- rée à Saint-Quentin-de-Baron (Gironde). P. -Y. Soc. Linnéenne de Bordeaux* t. XCIII, p. 60.

Beck (P.). Note préliminaire sur la Faune herpétologique des Hautes- Pyrénées. Bull, de la Sect. sc. de la Société Acad, des Hautes- Pyrénées, Tarbes, 1943, p. 55.

Bosca (E.). Bulletin de la Société Zoologique de France, 1878, t. III,

p. 116.

Changer (A.). - Reptiles, Batraciens, Paris, E. Deyrolle, p. 110 et suiv.

- Faune herpétologique de la région du Sud-Ouest. Catalogue des Repti- les et Batraciens observés dans les départements de la Charente- Inférieure, de la Gironde, des Landes et des Basses-Pyrénées. Revue des Sciences naturelles de l’Ouest, Paris, 1894, p. 7.

Lapeyrère (E.). Faune herpétologique du département des Landes. Dax, impr. H. Labèque, 1908, p. 50 et suivantes.

Lataste (F.). Note sur les Vipères de la Gironde en général et sur le genre Pélias en particulier. P.-Y. Soc. Linnéenne de Bordeaux, 1874, t. XXX, j). XX et suivantes.

- Catalogue des Batraciens et Reptiles des environs de Paris et Distri- bution géographique des Batraciens et Reptiles de l’Ouest de la France. Actes Soc. Lin. de Bordeaux, 1876, t. XXXI, p. 28.

Bulletin de la Société Zoologique de France, 1879, t. IV, p. 132.

Perrieh (Rémy). La Faune de la France illustrée, fasc. X, Y ertébrés, Paris, Delagrave, 1924, pp. 99, 100, 101.

Portevin (G.). Ce qu'il faut savoir des Reptiles et Batraciens de France, P. Lechevalier, 1942, p. 58 et suiv., comparer les lig. 12 et 15.

Rondou (P.). Y allée de Barèges. Manuscrit, t. 2, p. 20. Peut être consulté chez Mme Rondou, à Luz (Hautes- Pyrénées).

Tournevili.e (A.). Etude sur les Vipères du groupe Ammodyles, Aspis, Berus. Société Zoologique de France, séance du 14 décembre 1880.

Viaud-Grand-Marais. Etudes médicales sur les Serpents de la Vendée et de la Loire-Inférieure, in-8°, p. 40, in A. Tourneville. Etude sur les Vipères, etc.

Réunion du 6 juin 1959

Présidence de M. le Docteur A. Baudrimont, Président.

Personnel. Sur avis favorable du Conseil, M. Courbette esl admis Membre titulaire de la Société.

Communication. M. J.-L. Augustin : Quelques captures de Lépidoptères au col de 'Fortes (Basses-Pyrénées).

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Quelques captures de Lépidoptères au col de Tortes (Basses-Pyrénées)

par J.-L. Augustin

Ce col, situé à 1 869 mètres d’altitude, se trouve au cœur des Pyrénées, entre la station de Gourctte et le col d’Aubisque. Dans mes nombreuses chasses réparties sur plusieurs années, voici les espèces les plus intéressantes à signaler :

Panassius Apollo Pyreiuiica, en juillet-août;

P. Mnemosyne (Turatii), de mai à juillet;

Synchloe Callidice, en juin;

Euchloe Ausonia (Oberthiïri), en juin;

Colias Phicomone, en juin et août;

Erebia Epiphron, en juin-juillet;

E. Mania, en juillet-août;

E. Œme, en juin;

E. Meslans, en juin-juillet;

E. Triarius, en juin;

E. Lefebvrei, en juin-juillet;

E. Pronoë, en août;

E. Gorgone, en juillet;

E. Gorge, en juin;

E. Pandrose, en juin;

E. Cassioides Marina, en juillet, août et septembre;

E. Hispania Eondoni, en septembre (celui-ci rare);

P a ra rg e H iera, en m a i - j u i n ;

A rgg n n is Pal is, e n j u i n-jui 1 1 c t ;

Nemeolins Purina, en juin t1) ;

Heodes chryseis (violacea) , en juillet;

Lycoena Pyrenaica, en juillet;

L. Dorylas, en juin;

L. Escheri, en juillet;

L. Coridon, en juillet-août;

L. Daman, en août-septembre;

Carcharodus Lavalerœ, en août;

C. Althaeœ, en septembre;

Tygoena purpuralis, en août-septembre;

T. scabiesœ, en juillet;

T. Exulans, en juillet;

T. Achilleœ, en juillet-août;

T. Anlhyllidis, en juin-juillet;

T. Lenicerœ, en juillet;

T. Iransalpina, en août.

(1) Contrairement à certains auteurs, V. Lucina se trouve au-dessus de 1 200 m et 1500m d'altitude, notamment dans les Pyrénées (col de Tortes et col du Pourtalet).

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Réunion du 4 juillet 1959

Présidence de M. le Docteur A. Baudkimont, Président.

Communication. M. Marquant : Contribution à l’étude des formes géographiques de Parncissiiis Apollo L.

141“ Fête Linnéenne

Le dimanche 28 juin, après avoir fait excursion pendant la matinée, les Linnéens se sont réunis à Créon pour discuter selon l’usage sur leurs captures.

Réunion du 3 octobre 1959

Présidence de M. le Docteur A. Baudrimont, Président.

Présentations. M. Bai.uais présente des échantillons ( VEuphorbia milans Lag. = E. Preslii Guss (Britton : Flore du Canada n" 13, vol. II, p. 375) récoltée à Blaye, le long de voies ferrées, face à la rivière et face à la citadelle (6 septembre 1959); la plante est adventice au Jardin Botanique de Bordeaux. Il présente également des échantillons d’Elcusine indica récoltée près des bassins à Ilots (rive gauche de la Garonne), le 10 septembre 1959.

MM. Baudrimont et Pkrrier : Présentation de deux vipères capturées par M. Pkrrier dans les Pyrénées, au cours de l’été 1959 : L’une, tuée le 13 août, à Bious-Artigues (Basses-Pyrénées), est un Aspic (V. aspic) de forme mélanique. Ses crochets sont de taille normale. Avant d’être immergée dans l’alcool, sa coloration était d’un noir de jais uniforme. Il semble, d’après M. Baudrimont, que l’on se trouve en face d’une véritable race locale fixée.

La seconde vipère appartient à la même espèce : c’est un individu de race grise qui a été capturé par M. Pkrrier, près du lac d’Estaing (Hautes-Pyrénées). Sur cet échantillon, M. Baudri- mont a pu reconnaître aisément l’écaille frontale et les deux pariétales.

Excursion mycologique : dimanche 25 octobre, à Gradignan. Très fructueuse. De nombreux échantillons ont été envoyés à la Société Mycologique de France à Paris, pour son exposition annuelle compromise par la sécheresse ayant sévi dans le Bassin parisien.

PROCÈS-VERBAUX

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Réunion du 7 novembre 1959

Présidence de M. le Docteur A. Baluiumont, Président.

Correspondance. Avant l’exposé des communications, le Président donne lecture d’une lettre (pie lui a adressée le Secrétaire de la Société Mycologique de France, et dans laquelle ce dernier remercie les mycologues bordelais cpii ont bien voulu, grâce à l’envoi de leurs récoltes, contribuer au succès de l’exposition qu’a organisée récemment cette Société à Paris.

Communications. M. Parrot : Un champignon curieux, le Satyre puant (I Ihy phallus impudicus) .

M. Sabo : Contribution à l’étude des Bolets de la Gironde.

Le Président annonce qu’une excursion mycologique aura lieu le dimanche tS novembre.

Un champignon curieux : le Satyre puant (Ithyphallus impudicus)

Par A. G. Parrot

Lorsqu’on se promène en été, en automne, ou au début de l’hiver, dans nos forêts de Chênes ou de Pins, on perçoit, assez souvent, une persistante odeur nauséeuse de cadavre en décomposition. Le promeneneur, non averti des odeurs eryptogamiques, peut alors penser à la présence, dans un voisinage immédiat, de quelque bête morte, en décomposition avancée, cachée dans d’épaisses brous- sailles ou sous les Fougères.

En fait, il n’en est rien. Cette repoussante odeur est causée par un curieux Champignon qu’il est donc facile de déceler dans les plus profonds des fourrés. C’est le Salyre puant, encore appelé Fausse-Morille, Morille puante, ou Œuf du Diable. Ces différents vocables, parfaitement évocateurs, se retrouvent, avec quelque variante, dans les langues étrangères, et si les Italiens le dénomment Salirione, les Anglais l'ont baptisé Stinkhorn, c’est-à-dire corne, morille puantes, et les Allemands, Slinknwrchel = Morille nausé- euse, Leichenfinger doigt de cadavre, Giftmorchel Morille vénéneuse, ou encore Teufelsei = Œuf du Diable.

Ainsi, dans les principaux dialectes européens, l’on retrouve les mots « morille », « puant », « diable » et « vénéneux ».

Si tout le monde, en effet, semble bien d’accord pour déceler l’odeur du satyre, les avis sont fort partagés quant à son origine.

Jusqu’à ccs derniers temps, tous les ouvrages relatant cet aspect désagréable du Phallus, accordaient à la glèbe verte Punique res- ponsabilité en la matière.

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Société linnéennë de bordeaux

Or il paraît qu’il n’en est pas ainsi, c’est ce qui ressort d’une Note publiée en 1954 par R. Joguet, dans le Bulletin de la Société mycologique de France.

Ayant eu l’occasion d’étudier, avec soin et patience, un Phallus impudique, à partir de l’« œuf », l’auteur s’est avisé de racler, à l’aide d’une spatule de bois, la glèbe verte, soi-disant responsable, et de l’isoler dans un verre. Elle fut, pendant une dizaine de minutes, imprégnée de la forte odeur caractéristique.

La même opération fut effectuée avec le contenu glaireux de la volve après passage du « pied sous le robinet, pour le libérer de tout fragment étranger à sa propre substance ». Après ce minu- tieux travail, l’auteur peut « affirmer que la glèbe du chapeau et le contenu gélatineux de la volve n’ont aucune odeur perceptible pendant plusieurs jours ».

Mais il n’en est pas de même pour le pied, qui, tout au long de son organisme caverneux, émet son odeur si particulière, qui n’est décelable, paraît-il, que de loin ! Car, le Phallus, placé « sous le nez, et le plus près possible de ce dernier», présente un parfum « concentré de Jasmin, d’après un chimiste en parfum (1937) » (loc. eit.).

Il y a donc dans la nature des goûts et des couleurs, mais aussi des parfums ! Rendons à R. Joguet cette justice, d’avoir, contrai- rement à ses devanciers, serré de plus près l’aire d’émanation de la senteur immonde des Satyres, éloignés de nos muqueuses nasales... et payons d’audace de nous en approcher d’assez près, afin de humer son ineffable parfum de Jasmin qu’il daigne réser- ver aux courageux mycologues.

Mais décrivons ce Champignon si curieusement dénommé. Lors- qu’il est adulte (fig. 1), le Satyre puant, en latin Ithy phallus impu- dicus, ou Phallus impudique (nouvelle dénomination !) représente assez bien l’allure d’une asperge, ou d’un doigt dressé vers le ciel, ou mieux encore d’un Morillon dont la partie supérieure du carpophore serait percée d’un orifice central circulaire. En fait, et il faut bien se l’avouer, « le latin, dont les mots bravent l’honnêteté », a bien su rendre son allure impudique, mais ne permet qu’une traduction approchée.

Le mot Ithy phallus vient d’un terme grec, Ilhyphallos, qui dési- gnait un curieux emblème porté en grande pompe dans certaines fêtes du temps du paganisme. Le préfixe Ilhys, qui signifie droit, érigé, convient fort bien au port vertical raide du Phallus impu- dique, dans son état adulte.

Dans les forêts marécageuses, ou simplement assez humides, on peu t parfois rencontrer, mais plus rarement, le grêle Phallus des chiens ( alalinus caninus), plus coloré, mais beaucoup plus petit et plus fin, et surtout bien moins nauséeux. Enfin, dans les sables marins, ou dans les forêts sablonneuses et sèches, on peut

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découvrir, très rarement, le Phallus impérial, à la belle volve rose et aux senteurs moins prononcées.

Dans tous ces cas, ce que l’on appelle le chapeau est un organe ovoïde-conique, atteignant 4 à 5 cm de haut, coiffant l’extrémité supérieure d’un stipe, et entièrement recouvert d’un enduit muci- lagineux du plus beau vert. On dirait tout à fait que notre Satyre vient tout juste d’être repeint ! C’est cette substance, appelée plèbe, qui renferme les organes reproducteurs, et (pii, bientôt, tombe en déliquescence, mettant à nu la surface du chapeau. Celui- ci est d’un blanc-grisâtre, crevassé d’alvéoles assez irréguliers, et plus ou moins anastomosés en réseau. C’est à cet état qu’on pourrait confondre notre Phallus avec un Morillon.

Le slipe, érigé, peut atteindre jusqu’à 20 cm de haut, et 3 cm de diamètre. C’est un cylindre de couleur gris de cendre, aminci aux deux bouts, et creusé d’un canal médullaire ouvert à l’extérieur par un pore situé au sommet du chapeau. Les parois du stipe sont percées d’innombrables petits trous (pii lui donnent une allure spongieuse et lui confèrent une fragilité relative.

A la base du Champignon, l’on découvre une volve épaisse, blanchâtre, de nature double, pleine de mucosité, et qui est reliée au mycélium souterrain par un cordonnet radiculaire. C’est par cette fausse racine, véritable cordon ombilical (comme b* souligne Ciiadekaud), que les sucs terrestres et autres éléments nutritifs tirés du sol seront transmis au Champignon.

La présence d’une volve fait supposer une certaine parenté avec les Amanites ou autres Volvaires, par exemple, (pii sortent d’un «œuf» plus ou moins profondément enterré. En est-il de même pour notre Satyre ?

Cherchons, en effet, parmi les broussailles voisines de l’échan- tillon adulte que nous venons de décrire, et nous aurons peut-être la possibilité de découvrir cet « œuf du diable » (fig. 2) (pii est blanc, ovoïde, plus ou moins globuleux, élastique et mou. On dirait tout à fait un œuf de poule, comme ceux que pondent parfois les volailles épuisées, en fin de saison. A-t-il perdu sa coquille calcaire ? Pas du tout. 11 est d’ailleurs assez solidement fixé au sol par son cordonnet radiculaire, et n’a donc pas été pondu. Il n’est, au stade de sa plus tendre jeunesse, que notre Satyre puant (pii ne demande qu’à jaillir de sa coque juvénile.

Ayons alors la curiosité d’emporter cet œuf maléfique. Ouvrons- le, en le sectionnant dans le sens de son axe vertical. On découvre bien vite un mucilage glaireux et transparent qui rappelle absolu- ment l’albumine des œufs. Noyé dans cette substance gélatineuse, l’on discerne sans peine une masse ovoïde gris-verdâtre qui sent le raifort, et (pii représente, en modèle réduit, le Phallus découvert tout à l’heure.

Si, poussé par l’envie d’assister à la naissance de notre Champi- gnon, nous conservons, pendant quelques heures seulement, l'œuf

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arraché, avant tic le disséquer, nous aurons la surprise de voir bientôt s’ériger, presque à vue d’oeil, après rupture de la coque molle, un Satyre puant, parfaitement constitué. Au début tle sa vie, il conservera, pendant un temps, un lambeau de coquille demeuré sur sa tête, mais qui tombera bien vite. Quant au vestige inférieur, il demeurera à son pied, donnant la volve double dont nous avions noté l’existence. Bientôt, d’ailleurs, son stipc deviendra mou, s’in- clinera vers la terre, se ratatinera et se désséehera avant de s’évanouir en se réduisant en poussière. A ce moment, la forte et si désagréable odeur de charogne aura complètement disparu, laissant place à une délicate senteur de Jaeynthe des Bois ! Tels sont les caractères essentiels de ce curieux champignon qu’il est désormais impossible de confondre avec d’autres espèces.

Mais il arrive parfois, au cours de nos herborisations, qu'on découvre des carpophores aberrants qui représentent des mons- truosités qu’on étudie dans une discipline biologique désignée sous le vocable de Tératologie végétale. Les aberrations les plus fré- quentes qui affectent notre Satyre sont les suivantes :

Il peut arriver que le carpophore, au lieu de présenter à son extrémité supérieure un unique pertuis, s’ouvre à l’extérieur par deux cavités voisines <fig. fi) sans que le reste du Champignon offre des traces de cohérence possible de deux individus voisins, ou de la division plus ou moins profonde du même carpophore. Cette anomalie paraît fort rare.

D’autres fois, sur le même stipc, deux « chapeaux » sont plus ou moins réunis côte à côte, offrant un cas plus fréquent de bicéphalie.

Enfin, une monstruosité exceptionnellement rare est offerte par le cas de gémellité (fig. 7). De même que, parfois, l’œuf des poules peut présenter deux jaunes inclus dans la même coquille, il peut arriver que le même « œuf » du Satyre puant donne naissance à deux carpophores jumeaux, plus ou moins réunis l’un à l’autre. Rolland décrivit cette monstruosité en 1899, et plus récemment, en 194(i, le docteur Potron en fit autant, dans le Bulletin de la Société mycologique de France.

Telles sont brièvement rapportées les formes les plus fréquentes ciue peut présenter ce curieux Champignon aux odeurs fétides.

On s’est demandé bien souvent si ce faux morillon, qui frappe tant l’imagination populaire, est un Champignon comestible, sus- pect, ou dangereux. Il y a déjà bien longtemps, les mycologues Ascherson et Paulet pensaient qu’il n’était pas nuisible, sans apporter trop de preuves. Plus tard, Rolland a démontré l’inocuité de I’« œuf ». Et effectivement, ce dernier est parfaitement comesti- ble; on le vend d’ailleurs dans certains marchés comme à Lagny

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et à Epernay, il est consommé, cru ou cuit, sans aucun accident. D’ailleurs, il est à noter que les Sangliers savent très bien le détecter, puis le déterrer afin de le croquer. De même certains Chats paraissent friands de ce curieux « tubercule » dont la saveur rappelle celle du raifort ou du radis noir. Quant à l’adulte, il vaut mieux ne pas en parler. 11 faudrait en effet un certain courage, frisant l’abnégation ou une certaine aberra- tion morbide -, pour songer un instant à le consommer, alors qu’il déploie tous ses charmes, en répandant autour de lui son inimitable fumet !

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La reproduction de notre Satyre est du type classique, s’effectuant naturellement par des spores. En effet, lorsqu’on examine, au fort grossissement du microscope, une parcelle de glèbe verdâtre, l’on découvre une infinité de longues cellules fusiformes et ovoïdes, coiffées de quatre spores y attenant, ('.es cellules porteuses de spores sont appelées des basides, et les spores sont du type basi- diospores. 11 en est ainsi des millions, noyées dans le mucilage de cette glèbe qui recouvre le chapeau en totalité. C’est alors ciue certains Insectes entrent en scène. Mouches bleues, Mouches vertes, Insectes coprophages, et autres détrousseurs de cadavres, viennent pomper avidement le mucus dans lequel ils pataugent tant et plus avec délice. Après leur ripaille, inconsciemment, ces « semeurs » ailés porteront au loin les spores destinées à la péren- nité de l’espèce. Chacune d’elles, en effet, si les conditions vitales sont suffisantes, peut, en principe, redonner un nouveau mycélium, cet appareil végétatif souterrain qui peut prospérer n’importe où, avant de donner naissance aux œufs du Diable d’où s’érigera le Phallus impudique.

Et c’est encore le lieu de souligner ici l’étonnante souplesse écologique de notre Satyre. L'on sait en effet que les Champignons peuvent présenter divers modes de vie. Les uns qui prospèrent au détriment des matières organiques en décomposition sont appelés des saprophytes. C’est le cas par exemple du Champignon de Paris qui pousse dans les mottes de fumier mêlées à la poudre de craie, dans l’obscurité humide des carrières abandonnées de la région parisie me.

Les autres sont franchement des parasites qui s’installent sur des « hôtes » animaux ou végétaux : c’est le fait des nombreux ama- douviers (Polypores) ou des multiples rouilles végétales.

Certains enfin font « bon ménage » avec certains arbres ou arbrisseaux de nos forêts, enlaçant les radicelles de ces derniers, de leurs filaments mycéliens. Ces nouveaux Champignons sont dits mycorhiziques; c’est par exemple le cas des Cèpes de Bordeaux dont le mycélium est intimement associé aux radicelles des Chênes rouvres de nos forêts caducifoliées.

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Dans quelle catégorie placer notre Satyre ? Dans toutes les trois ! Et il est encore, sous cette incidence, un curieux phénomène. Il est en effet volontiers saprophyte, lorsqu’il prospère remarquable- ment dans les allées sableuses de nos jardins, ou dans les tas de décombres divers, il trouve l’essentiel de sa subsistance dans les matières organiques décomposées. Il est parfois parasite sur les radicelles des Ronces et même des Rosiers qu’il peut faire péricliter. Becker rappelle même qu’il parasite parfois l’appareil radiculaire du vignoble alsacien, provoquant un dangereux pour- ridié préjudiciable à la récolte. II est enfin intimement associé aux Bouleaux, dont il embrasse les radicelles, sans jamais les détruire, de ses filaments mycéliens; il est alors un véritable mycorhizique. Voilà donc un étonnant aspect de sa triple vie dont les « mœurs » ne sont pas ordinaires. La race des Satyres n’est donc pas à la veille de disparaître !

Et ce n’est pas tout. Il est encore, par son anatomie, un curieux compromis entre les Champignons du type Morille, par exemple, et ceux du type Amanite ou Volvaire.

L’on sait que les Morilles sont des Champignons Ascomycètes, c’est-à-dire des espèces dont Vhyménium (partie fertile) est formé de petites bouteilles pleines de spores. Ces bouteilles sont des asques, et les huit spores qu’elles renferment sont des ascospores.

Au contraire, Amanites et Volvaires, par exemple, sont des Basidioinycètes, c’est-à-dire des Champignons dont l’hyménium comprend des basides porteuses de deux ou quatre cornes appelées stériynudes sont amodiées deux ou quatre spores, qui sont des basidiospores. Or nous avons souligné plus haut que notre Phallus présentait dans sa glèbe mueilagincuse des basides garnies de quatre spores. II est donc, pour cette raison, beaucoup plus près des Amanites et autres Volvaires, malgré l’absence ou la brièveté des stérigmates porteurs de spores. Il est donc bien un Basidio- mycète, et non pas un Ascomycète, comme on l’a cru assez long- temps, à cause de sa morphologie externe qui le fait ressembler étrangement à un Morillon.

Il serait donc, dans ce vaste ensemble des Basidioinycètes, Cham- pignons supérieurs, un de ces termes de passage, un de ces chaînons, que recherchent les Biologistes, en vue d’étayer les modalités probables du phénomène vital de l 'Evolution. Sous ce nouvel aspect, notre Satyre puant offre encore un intérêt certain, montrant assez bien le passage possible, dans la nuit des temps passés, des Champignons Ascomycètes, comme les Morilles par exemple, moins évolués et plus archaïques semble-t-il, aux Cham- pignons Basidioinycètes, plus évolués, comme nos Amanites ou nos Volvaires.

Mais ce que nous venons d’avancer n’est-il pas un peu trop simple ? Le Phallus n’est-il pas au contraire, non nas une ébauche

PROCÈS-VERBAUX

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de Basidiomycète, mais au contraire, un « raté » dans le phénomène évolutif, ou encore une métamorphose de Basidiomycète vrai ? Il est évidemment impossible de trancher en la matière, et il nous faut avouer, bien humblement, notre ignorance. Nous ne savons que peu de chose du phénomène évolutif, et nous ne sommes pas à la veille de résoudre ce si passionnant problème.

Une seule chose demeure évidente, et c’est ce que soulignait assez récemment Chadefaud. « Le moindre objet, dans la nature, si l’on en pousse assez avant l’étude, conduit aux plus hauts pro- blèmes auxquels se heurte la pensée humaine. »

Notre repoussant Satyre puant en est une modeste preuve, parmi tant d’autres. Il n’était « qu’une mauvaise odeur dans un coin de bois, et l’insondable problème de l’Evolution, dans toute son ampleur, s’est trouvé posé» (loc. cit. Chadefaud)... et rien n’a été résolu !

C’est qu’en effet, « la paléomycologie est à peu près muette en l’absence de cadavres millénaires ». C’est sans doute la raison pour laquelle il nous est si facile d’échafauder de tentantes hypo- thèses « imposant aux formes la succession reconstituée de notre vision, fragile, impuissante, irréelle ».

L’évolution, en effet, ne s’est pas forcément déroulée en droite ligne, et « les préférences de la nature vont à la fantaisie ». Notre belle logique humaine, qui arrange, à son gré, les plus délicats problèmes posés par le monde vivant, se trompe sans doute très souvent dans ses argumentations les mieux bâties. Notre Satyre n’est peut être rien d’autre, dans l’évolution des Champignons, qu’une de ces fantaisies apparues brusquement, sans que rien ne la laisse prévoir, au cours de l’évolution.

Nous n’en saurons jamais rien, une fois de plus, mais le caractère fantasque de notre Phallus impudique s’accorderait assez bien, semble-t-il, avec une facétie insolite, née du hasard, et bien faite pour combler notre étonnement (en partie d’après B. Heim, in Les Champignons, 1948).

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

Becker (G.). Observations sur l’écologie des Champignons supérieurs. Thèse, Besançon, 1954.

Buret (F.). Le Champignon, poison ou aliment. Paris, 1925.

Chadefaud (M.). Biologie des Champignons. Paris, 1944.

Chadefaud (M.). Champignons étranges. Naturalia, 1954, 12, PP. 33-38.

Joguet (R.). Sur l’odeur de VIthyphallus impudicus. Bull, de la Soc.

myc. de France, 1954, t. LXX, pp. 430-431.

Heim (R.). Les Champignons. Editions Alpina, 1948.

Maublanc (A.). Les Champignons de France. Paris, 3“ édition, 1939. Roi.land (L.). Atlas des Champignons de France. Paris, 1910.

Bulletin de la Société mycologique de France (nombreux fascicules consultés).

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SOCIÉTÉ I.INNÉENNE DE BORDEAUX

EXPLICATION DES FIGURES

1. Le carpophore adulte de Ityphallus impudicus. On voit, de bas en

haut, le cordon radiculaire, la volve, le stipe, spongieux, le chapeau crevassé-réticulé, et l 'orifice supérieur du stipe.

2. Le Satyre puant à l’état d’« œuf », garni de son cordon nourricier.

Coupe longitudinale médiane de l’« œuf » : on voit nettement qu’il renferme un jeune carpophore en « raccourci ».

4. Coupe longitudinale médiane de l’extrémité supérieure du carpophore. Le stipe est creux et spongieux, percé par le pore terminal supé- rieur; le chapeau est crevassé, garni de la glèbe gluante et fertile, en noir.

5. Coupe longitudinale médiane de l’extrémité inférieure du carpophore, avec le cordon radiculaire, la volve, qui est double, la hase du stipe qui est fermée.

(S. Forme anormale de chapeau, percé de deux orifices, sans aucune trace de réunion de deux chapeaux voisins, ou de division possible du même carpophore.

7. Forme anormale, d’après le docteur Potron (Bull, de la Soc. myc. de France, 1946, page 258), montrant un cas de gémellité : deux earpophores sont plus ou moins coalescents, nés d’un « œuf » unique dont le vestige est une volve solitaire.

PROCÈS-VERBAUX

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SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX

Contribution à l’étude des Bolets de la Gironde

Par R. Sabo

La communication qui suit se borne à signaler les différentes espèces et variétés de Bolets qui existent en Gironde, et à mention- ner les lieux elles ont été récoltées.

Ce groupe est particulièrement important dans notre départe- ment; il compte jusqu’à ce jour 37 espèces et variétés identifiées.

I. - ESPECES ET VARIÉTÉS RÉCOLTÉES DANS LES RÉGIONS

COMPRISES ENTRE LE LITTORAL ATLANTIQUE ET LA GARONNE.

1. Bolelus bovinus : Friès ex Linné. Très commun, un peu

partout.

2. Bolelus granulalus : Friès ex Linné. Très commun un peu

partout.

3. Bolelus badins : Friès ex Linné. Assez commun un peu

partout.

4. Bolelus luleus : Friès ex Linné. Peu commun, quelques stations

dans la région de Vendays : bois de Mayau, Tastesoullc; sur la route d’Arès : bois de Sainl-Jean-d’Illac; environs de Louens : bois de Geneste (quelques exemplaires :

M. Martineau).

5. Bolelus variegatus : Friès ex Swart. Rare : 2 exemplaires

récoltés dans les bois du Haillan, au Gasquet.

(i. Bolelus subtoinentosus : Friès ex Linné. Peu commun, quelques exemplaires : bois de Caehac, près de Blanquefort; bois de Gradignan, au lieu dit Mandavit; bois de Lilian, région de Soulac-sur-Mer.

7. Bolelus chrysenleron : Friès ex Bulliard. Peu commun, quel-

ques exemplaires : bois du Taillan, Ecureuil, Geneste; bois de Gradignan, près de Canteloup.

8. Bolelus versicolor : Rostkovius. Assez rare : bois de Gradi-

gnan, à Mandavit.

9. Bolelus caslaneus : Personn ex Bulliard. Peu commun : bois

du Haillan; bois de Salzet, route de Bordeaux à Soulac; bois de Cachac; bois de Lilian.

10. Bolelus felleus : Friès ex Bulliard. Peu commun : bois de Gradignan, à Mandavit; Haut-Lévêque (Pessac).

II. Bolelus piperalus : Bulliard. Rare. 1 exemplaire : bois de

Segonne; 3 exemplaires : bois de Génissan, région du Pian - Médoc,

PROCÈS-VERBAUX

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12. Bolelus parasitions : Friès ex Bulliard. Bollet parasite sur

Seléroderine vulgaire. 1 exemplaire au bois de Segonne; 2 exemplaires au bois de Martignas; 1 exemplaire au Châ- teau d’Arsae; 3 exemplaires sur un même seléroderine, à Saint-Jean-d’Illac, récoltés par M. Dupuy.

13. Boleius sunguineus : Friès. Rare. Quelques exemplaires :

bois du Taillan, Ecureuil.

14. Bolelus leucophaeus : SS. Gilbert. Peu commun : bois du

Moutchic.

15. Bolelus auranliacus : Schaeffer. Assez commun, un peu

partout : bois de Segonne, Saint-Raphaël, Le Moutchic, Geneste, Léognan.

l(i. Bolelus eri/thropus : Friès. Peu commun : bois du comte Duffour, Raymond, Le Bouscaut, bois de Saint-Raphaël, bois de Saint-Jean-d’Illac.

17. Bollelus lu ri dus : Schaeffer. Peu commun : bois de Gacbae.

LS. Bolelus edulis : Bulliard. Très commun dans le département et très recherché.

19. Bolelus aerus : Bulliard. Assez commun et moins abondant que

le précédent : bois de Saint-Raphaël, bois de Peyrigueys, Les Arrestieux, Les Cercins (région de Yendays).

20. Bolelus edulis, variété reticulalus : Boudier ex Schaeffer, ou

cèpe d’été (juin - juillet) . Peu commun : bois de Segonne, Saint-Aubin-de-Médoc, Le Pian.

21. Bolelus edulis, variété pinicola : Yittadini. Assez rare : bois

de Génissan (M. Martineau).

22. Bolelus pulverulenlus : Opatowki. Très rare : bois de Gradi-

gnan, près de Cantaloup, 1 exemplaire.

23. Bolelus lividus : Bulliard. Rare : route de Léognan à Martillae

(au Menault); bois de Larroque, Cadillac. Quelques exem- plaires récoltés par M. Redeuiu.

24. Bolelus salanas : Lenz. Assez rare : bois du comte Duffoui

Raymond, Le Bouscat.

25. Bolelus cijanescens : Friès ex Bulliard. Très rare : 2 exem-

plaires, bois de Lilian, région de Soulac-sur-Mer.

20. Bolelus appendiculalus, variété pallescens : Konrad. Très rare : 1 exemplaire récolté par M. Bodevin, route de Sarcignan, lieu dit « Au Gaston ».

27. Bolelus pachgppus : Quelet. Rare : 1 exemplaire récolté clans le Parc Bordelais.

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SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX

II. ESPÈCES ET VARIÉTÉS RÉCOLTÉES DANS L’ENT R E-D EU X-M ERS

28. Boletus scaber : Bulliard, ou Bolet Carpini Schulzer, ou encore

Bolet des Charmes. Très commun et abondant sur les com- munes de Pompignae, Tresses, Camarsae, Sadirac, ainsi que dans la région de Sauveterre-de-Guyenne (bois de Buffe- teau) .

29. Boletus duriusculus : Schulzer. Assez commun : bois de

Lignan, de Camarsae, du Carpes, de Buffeteau (région de Sauveterre-de-Guyenne) .

30. Boletus tissellatus : Gillet. Assez rare : 5 exemplaires récoltés

dans les bois de Buffeteau (région de Sauveterre-de- Guyenne) .

31. Boletus croeipodius : Lctellicr. Rare : 1 exemplaire au bois

de Buffeteau; 1 exemplaire au bois de Lignan, commune de Sadirac.

32. Boletus appendiculatus, variété regius. Assez rare : plusieurs

exemplaires au bois de Buffeteau; 2 exemplaires au bois de Lignan.

33. Boletus purpureus : Kallenbach. Rare : 1 exemplaire au bois

de Targon (M. Massard) ; 2 exemplaires au bois de Larro- que, Cadillac (M. Redeuil).

34. Boletus colopus : Fries. Assez rare : quelques exemplaires

au bois de Lignan; 2 exemplaires au bois de Larroque, Cadillac (M. Redeuil).

35. Boletus queleti : Schulzer. Peu commun : une station à Trcsse-

Mélac, aux lieux dits : « Le Cornet », « Château Laburthe ».

30. Boletus dupaini : Boudier. Très rare : 2 exemplaires récoltés par M. Martineau, à Tresse-Mélac, Château Laburthe.

37. Boletus strobilamgces strobilaeeus : Berkeley, ou Bolet pomme de pin. Très rare : 2 exemplaires récoltés par les Eclai- reurs de France, dans la propriété du Maire de Gamblanes.

Boletus satanas Lenz : bois de Capian, région de Targon.

Boletus edulis et Boletus aereus : dans les régions de Créon, Targon, Rauzan, de La Sauve, de Sauveterre-de-Guyenne, de Bellebas, Sadirac, Beychac-et-Caillau, Camarsae. Dans les régions citées, on rencontre également des Boletus eri/thro- pus et des Boletus aurantiacus.

PROCÈS-VERBAUX

/O

Réunion du 5 décembre 1959

Présidence de M. le Docteur A. Haldhimont, Président.

Personnel. Sur proposition du Conseil, sont admis comme Membres titulaires : M. Guérard, (il, cours d'Albret, Bordeaux; M. Lubin, 20, rue des Piliers-de-Tutelle, Bordeaux; M. Mouline, 12, rue Fraycinet, Talencc.

En ouvrant la séance, le Président fait part du décès de M. Daniel Perrier, enlevé prématurément à l’affection de sa famille à l’âge de quarante-trois ans. Notre Société perd en M. Perrier un membre enthousiaste qui s’était donné avec passion à la lépidoptérologie. Par la voix de son Président, elle exprime à Madame Perrier ainsi qu’à ses six enfants ses condoléances attristées.

Communications. M. Parriaud : Sur la présence de Sar (/as- sit m flavifolium dans le Bassin d’Arcachon.

M"" Paquereau : Etude Palynologique d’une tourbe littorale de Lacanau-Océan.

M"1' Caralp et M. Vigneaux : La géologie du Bazadais.

Sur la présence de Sargassum flavifolium Kütz. dans le Bassin d’Arcachon

Par H. Parriaud

Les Sargasses sont des Algues brunes dont les axes, couverts d’appendices semblables à des feuilles d’Angiospermcs. ont le port de plantes supérieures. Les espèces sont très nombreuses (64 espèces selon Kützing 1861], et 230 espèces pour Grunow 1916). Elles se rencontrent principalement dans les mers chaudes; sur nos côtes, elles sont rares : on connaît pour la Méditerranée princi- palement : Sargassum vulgare G. Ag., var. megalophyllum (Mont.) Grunow, S. salicifolium J. Ag. f. diversifolia (Bory) Grunow, et S. Hornschuchii Ag. qui vivent fixées aux rochers, notamment à Banyuls (Feldmann, 1937). Sur la côte Atlantique, une espèce diffé- rente, Sargassum flavifolium Kütz est quelquefois recueillie sur la Côte Basque, à l’état d’épaves, entre Biarritz et Guéthary PL L’abondance et la fraîcheur des échantillons semblent indiquer la présence voisine de colonies abondantes, mais qui sont encore inconnues à ce jour. Les exemplaires fixés au rocher sont rarissi-

(1) Nous avions eu l’occasion, le 7 juillet 1945 en particulier, d’en récolter abondamment sur la plage de Guéthary.

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SOCIÉTÉ LINNÉENNE UE BORDEAUX

mes et de taille réduite; ils sont manifestement égarés en dehors de leur habitat normal.

Dans le Bassin d’Arcachon, au lieu dit « La Vigne » (près du Cap-Ferret), nous avons, en compagnie de M. P. Lubet, rencontré une touffe de Sargasse qui semblait fixée à une pierre. Le fait nous a paru assez extraordinaire, et comme souvent des épaves sont accrochées et fixées à divers supports par les byssus de Mylilus, nous avons douté qu’elle se soit développée là.

L’été dernier, notre attention fut de nouveau attirée sur ces algues par M. Amanieu, successeur de M. Lubet, comme Sous- Directeur à l’Institut tle Biologie Marine d’Arcachon. M. Amanieu, au cours d’une plongée sous-marine, à « La Vigne », avait rencontré en profondeur de nombreux exemplaires de Sargasses fixés sur des pierres; il a bien voulu plonger à nouveau et nous en ramener quelques-uns de grande taille. Nous lui exprimons ici toute notre gratitude pour son amabilité.

Il y a donc une station naturelle de Sargasses à « La Vigne », au Nord du Cap-Ferret. Les algues sont fixées à des pierres immergées dans le chenal sur un fond sableux à des profondeurs comprises entre 2 et 4 ni au-dessous de la marée basse, par coeffi- cient de 100, soit sensiblement de 2 à 4 m par rapport au zéro des cartes marines. A cette profondeur, malgré la limpidité de l’eau dans cette zone, les algues ne peuvent être vues, ni de la plage, ni du bateau.

Des ostréiculteurs du Cap-Ferret, à qui ces algues ont été mon- trées ont précisé qu’aux fortes marées ils en voyaient près de leur parc, toujours en bordure du même chenal.

Les 4 et 5 août dernier, nous avons pu vérifier la présence de ces algues, et longé en bateau cette station qui s’étire sur plusieurs centaines de mètres de long. Par marée basse de fort coefficient, les exemplaires des niveaux les plus élevés sont encore sous 0,30 m d’eau, les plus profonds descendent jusqu’à 2 m environ. Lorsque l’eau devient étale, à marée basse, les Sargasses se dressent grâce à leurs flotteurs, et dès que le courant, très rapide dans cette zone, reprend, elles se couchent et ondulent grâce à leur grande souplesse.

L’algue se reproduit abondamment; dans la station du Bassin d’Arcachon, nous trouvons des individus de toutes tailles, dont certains très jeunes n’ont encore que deux petites feuilles. Les plus grands exemplaires atteignent 00 à 80 cm de long (fig. 1) et exceptionnellement 95 cm. Ils sont fixés à leur support par un petit disque d’où s’élève un axe généralement simple ou quelquefois bifide, d’une hauteur moyenne comprise entre 1,5 et 3 cm (plus rarement 1 à 4 cm). De cet axe naissent trois à cinq rameaux primaires qui engendrent des rameaux secondaires distiques et alternes plus courts. Les uns et les autres sont garnis de « feuilles» alternes allongées (3 à 7 cm), étroites (0,4 à 0,9cm), dont les bords sont irrégulièrement dentés et dont la nervation est bien

PROCÈS- VERBAUX

i I

visible. Le pétiole de ees organes axile un petit rameau qui sou- tient un aéroeyste sphérique sans mucron, et un réceptacle ramifié (fig. 2). Le diamètre des aérocystes atteint 7,5mm, tandis que le réceptacle, fertile sur toute sa surface, s’élève de 5 à (5 mm. A la base des rameaux primaires, les « feuilles » sont plus grandes, souvent bifides, elles présentent même parfois deux ou trois lobes latéraux parcourus par des nervures. L’algue est uniformément de couleur brun clair.

Les Sargasses sont fructifiées pendant tout l’été; à la fin du mois de septembre, les rameaux se dégarnissent et sont en voie de destruction, tandis que vers la base se développent de jeunes rameaux à grandes feuilles. La plante est donc vivace et ses rameaux fertiles se renouvellent chaque année.

Les caractères (pii viennent d’être définis sont bien ceux de Sargassam fhivifolium Kiitzing = .S', vulgare var. fliwifolium Sauva- geau : l’espèce de la Côte Basque indiquée par Bornkt (1802) et Sauvaokau (1807). Les échantillons du Bassin d’Arcachon sont de taille légèrement supérieure mais moins propres, et souvent chargés d’épiphytes : Bryozoaires, Cœlentérés, Botrillcs, ainsi que des algues. Celles-ci étaient, au moment de la récolte, jeunes et généra- lement stériles; nous avons reconnu cependant des Eclocarpus, Sphacelaria, Acrocluietium, Callillummion, Polysiphonia, Ceramium rubruin (Huds.) C. Agardh, et Ccramium gracillimum GrifT. et Harvey. Précisons, enfin, que dans la même station vivent d’autres algues, Cystoseira fœniculacea (L.) Grevillc, Taoiiia aloniaria (Wood.) J. Agardh, Pudina pavonia (L.) Gaillon, Cladostephus verli- ciUatus (Light.) Lyngbyc, Codium fragile (Sur.) Hariot, ainsi que de rares exemplaires de Desmarestia ligulala (Light.) Lamouroux et Saccorhiza polyschides (Light.) Batters.

D’après les observations faites au Cap-Ferret, il semble que Sargassum flavifolium aime une eau très pure, dans laquelle il supporte des courants rapides. Il paraît probable que la station du Bassin d’Arcaehon signalée ici n’est pas la seule du Sud-Ouest de la France OL Des conditions écologiques analogues doivent notam- ment être réalisées sur la Côte Basque, très près du littoral, existent certainement des peuplements localisés à faible profondeur, desquels se détachent les Sargasses que l’on trouve périodiquement en épaves entre Biarritz et Guéthary.

Notre nouvelle station représente, sur les côtes d’Europe, la limite la plus septentrionale atteinte par une Sargasse.

(1) De Folin a signalé cette espèce en profondeur sur le plateau sous- marin de la Placette.

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SOCIÉTÉ LINNÉENNE I)E BORDEAUX

BIBLIOGRAPHIE

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De Folin. - Un lieu de provenance du Fucus natans. A. F. A. S., XIX" Scss., Limoges, 1890.

Fei.dmann (J.). Les algues marines de la côte des Albères. Rerue Alyo- logique, 1937, 9, fase. 3-4, pp. 141-335.

Fei.dmann (J.) et Lami (R.). Flore et végétation marines de la Côte Basque française. Soc. Bot. de Fr., 1941, 88, PP- 123-142.

Grunow (A.). Additamenta ad cognitionem Sargassorum. Verh. Zool. Bot. Ges. Wien., 1916. 66.

Hamel (G.). Phéophycées de France, Paris, 1931-1939, 432 p., 10 pl.

Kützing (F. T.). Tabulac phycoloyicae, 1861, 1 1 , 32 p., 100 pl.

Sauvageau (C.). Note préliminaire sur les algues marines du Golfe de Gascogne. Journal de Botanique, 1897, 1 1 , 67 p., 26 fig.

LÉGENDE DE LA PLANCHE Cl -CONTRE :

Fig. 1.

Exemplaire de Sargassuni [tarif olium (La Vigne, 19 août 1959).

Fig. 2.

Fragment d’un axe principal (région supérieure).

Les ensembles aérocyste - réceptacle sont ici irré- guliers, car ils correspondent à des rameaux de second ordre peu développés.

G

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SOCIÉTÉ LINNÉENNE I)Ë HORDËAUX

Étude palynologique d’une tourbe du littoral de Lacanau-Océan (Gironde)

Par Marie-Madeleine Paquereau

Le niveau tourbeux dont nous présentons aujourd’hui l’analyse palynologique, affleure sur le littoral au Nord de Lacanau-Océan. Il réapparaît de place en place entre le km 52 et le km 57, plus ou moins masqué par l’ensablement aux sables actuels. L’affleu- rement le plus important se situe entre le km 55 et le km 54. C’est en ce point que nous avons fait nos prélèvements. Sa situation peut se repérer exactement par rapport à la maison forestière de l’Alexandre, située juste en face, au pied du versant Est de la dune actuelle dans la lède de l’Alexandre.

La tourbe forme une banquette en relief, dans la falaise des sables (lunaires, à une altitude de 3 m à 3,50 m. Son épaisseur varie entre 0,30 m et 0,50 m.

De nombreux auteurs ont signalé la présence d’allleurements tourbeux sur le littoral de Lacanau :

Weesch, en 1010, décrit des couches tourbeuses analogues à celles du Gurp et de Montalivet, mises à nu par les tempêtes sur le littoral de Lacanau-Océan.

Pierre Buffauet, en 1942, dans son étude des dunes de Gasco- gne, signale un affleurement de tourbe anté-néolithique sur la plage, à 3 km au Nord de Lacanau-Océan.

Le même auteur cite l’observation faite par le Conservateur des Eaux et Forêts de Lapasse, de sols anciens séparés par une couche de sable blanc sur la côte de Lacanau-Océan.

Enfin Fabre, en 1939, dans son ouvrage relatif aux terrains de revêtement du Médoc, indique, p. 194 : « Sous la dune moderne D apparaît une dune ancienne I) 1 posée sur un banc de tourbe T 1 ». Plus loin, à propos du même banc de tourbe, il précise : « Vers le haut de la grève, le banc de tourbe littorale apparaît à une altitude de 3 m au niveau de la maison forestière de l’Alexandre... il est formé par des débris végétaux incomplètement décomposés et presque exclusivement formés des mêmes roseaux qui se déve- loppent actuellement dans les marais de Talaris... Les eaux du continent s’écoulent à sa surface ».

Ces faits correspondent bien à ce que nous avons observé tant au point de vue des conditions de gisement que de l’apparence de la tourbe en effet très riche en débris macroscopiques.

Etude pae y n o logiq u e

L’analyse palynologique de cette tourbe nous a donné les résul- tats suivants : Pinus, 00 p. 100; Chênaie mixte, 22 p. 100; Betula, 5 p. 100; Fagus, 7 p. 100; Al nus, 0 p. 100.

PROCÈS-VERBAUX

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Corylus, 100 p. 100; Salix, 45 p. 100. Le Corylus et le Salix étant comptés à part des autres arbres.

Les principales espèces herbacées sont : Hedera hélix (assez abondant), Ilex aquifolium (rare), Colt ha palustris, Polamoyeton nalans, Nymphéa alba, Lemna et une grande abondance de pollens de Graminées (pour la plupart Phragmites commuais) , de Cypé- racées, de Typhacées et de Juncacées, quelques tétrades d’Erica- cées; les Cryptogames vasculaires sont représentés par Alhyrium Filix-Foemina, Ly copodium inumlatum, Ophioglossum vulyatum, Equisiliim sp.

Cet ensemble floristique permet de penser que ce dépôt s’est constitué dans une dépression marécageuse peuplée de roseaux (Phragmites), Callha, Nymphéa, Polamoyeton, etc., entourée d’une ceinture de Saules et de Noisetiers, à proximité d’une forêt dense dont l’élément dominant était le Pin accompagné du Chêne, avec le Hêtre et le Bouleau en satellites. Les autres éléments de la Chênaie mixte, Orme et Tilleul, sont très rares.

Nous allons essayer maintenant, sinon de dater cette tourbe d’une manière absolue, tout au moins de la situer dans l’une des phases climatiques du Post-glaciaire.

Dans nos plaines françaises, la Chênaie, ainsi que les autres feuillus, apparaît plus tôt et se répand plus rapidement à partir de zones de refuge dans lesquelles ils se sont maintenus pendant les glaciations. D’autre part, les espèces déjà présentes ne cèdent que lentement leur place aux nouvelles venues. En particulier, le Pin peut se maintenir très longtemps parallèlement à la Chênaie. C’est ce que le Professeur Dubois appelle le faciès paléo-silvatique de plaine.

Notre région du Sud-Ouest se place justement dans ce cas. C’est donc en nous référant à ce faciès paléo-silvatique que nous allons tenter de situer la tourbe de Lacanau-Océan.

Il faut noter la présence précoce du Hêtre dans notre région. 11 semble installé dans le Sud-Ouest depuis le Pliocène (il a été trouvé en Vendée dans le Pliocène supérieur par Florschutz, et au Gurp dans les mêmes conditions, par M. Schoeller et moi- même) et a y persister pendant les glaciations, de nombreux auteurs admettant que le bassin aquitain constituait une des aires de refuge des feuillus pendant le Wurm.

Cet ensemble de faits, comparé avec le spectre pollinique de notre tourbe : prédominance du Pin et du Noisetier, Chênaie mixte très éloignée de son maximum. Hêtre en faible quantité, nous incite à situer le dépôt de ce sédiment dans la période boréale, correspondant probablement au Mésolithique.

Rappelons à ce sujet que des stations d’industries mésolithiques (Sauveterriennes et Tardenoisiennes) ont été signalées dans la même région sur les bords de l’étang de Lacanau, par Ferrier, Dai.au, Chasteignier, etc., également à Mios, Andernos, Saint-

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Laurent-du-Médoe. M. Ferrier signale l’occupation mésolithique en Gironde en ces termes : « Tout se passe comme si la plupart de nos populations mésolithiques... s’étaient exclusivement can- tonnées dans la région des sables le long de l’Océan Atlantique ».

L’étude de tourbes littorales semblables à celle-ci nous semble particulièrement intéressante. Un niveau semblable à celui que nous venons d’étudier a été repéré par nous à Montalivet et est en cours d’étude. Ces niveaux riches en débris de roseaux se sont formés dans des marécages dus vraisemblablement à l’arrêt des eaux du continent par l’avancée des sables. L’analyse poil i- nique de ces dépôts, en outre de son intérêt direct, composition de la flore quaternaire dans notre région, peut également permettre de repérer dans le temps les étapes de l’édification de la chaîne (lunaire qui horde notre littoral.

Bibliographie

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Dubois (G.) & Dubois (Mme G.). Premiers examens polliniques de tourbes littorales du Sud-Ouest de la France. C. R. S. G. F., 1938, 16, pp. 317-319.

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Fabre (A.). Les terrains de revêtement du Médoc. 1 vol., 334 p., 54 fig., 21 i)l., Impr. E. Drouillard, Bordeaux, 1939.

Ferrier (J.). La préhistoire en Gironde. 1 vol., 336 p., 31 fig., 85 pl ., Monnoyer, Le Mans, 1938.

Florschutz (F.). Un diagramme pollinique d’une argile de Goulgens (Gharente). Rull. Soc. Géol. Fr-, 1954, 4, 198-201.

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Manifestations diverses organisées par la Société en 1959

28 juin 141" Fête Linnéenne à Créon.

Excursions publiques :

25 octobre

8 novembre

Gradignan (Mycologie) . Léognan (Mycologie) .

EXTRAITS

DES

PROCÈS-VERBAUX

Séances de la Société Linnéenne de Bordeaux

19 6 0

CONSEIL D’ADMINISTRATION pour 1960

Président

Vice-Président

Secrétaire Général . . . Secrétaire du Conseil

Trésorier

Archiviste

Bibliothécaire

MM.

Dangeard (P.). Vigneaux (M.). Eymé (.).). Bounhiog (J .-J.). Dagréou (Ch.). Larroque (M.). Dudrouie.

/ Baudrimont (A.). ^ Caujouiæ.

Girard (R.).

I Lahargue (J.).

\ Tempère (G.).

\

Conseillers

PROCÈS-VERBAUX

85

Réunion du 9 janvier 1960

Présidence de M. le Docteur A. Baudrimont, ancien Président.

Personnel. Sur avis favorable du Conseil, M"* Dessenoix, 135, avenue d’Arès, Bordeaux; M"" Duret, 93, rue Lagrange, Bor- deaux; M"* Duprat, 5, rue Diderot, Bègles; M"" Front, 8, place du Colonel-Raynal, Bordeaux; M"“ Touret, 73, rue Anatole-France, Bègles; M. Rémy, 34, rue Richelieu, Caudéran; M. Jean-André Pour- rai’, « Le Bonnard », Domessin (Savoie) sont admis Membres titulaires de la Société.

Exposé. M. Graver i e : Les vitamines nécessaires aux Insectes.

Communication orale. M. Massart : Au sujet des champi- gnons récoltés en décembre dernier.

Besoins des Insectes en vitamines

par M. Claverie

De nombreux chercheurs se sont penchés sur ce problème difficile à étudier : Guyenot pour la Drosophile; Dollman pour le Diptère Calliphora; Hobson, Tessier, Fraenkel, Stern...

Il ressort des expériences faites par le Professeur Max I.afon (Bordeaux) que les facteurs de croissance des vertébrés et des insectes sont différents.

Sont indispensables les vitamines du groupe Bt hydrosolubles. Ce sont :

La Rioline (ou vitamine B,). Coferment des earboxylases, elle intervient dans l’oxydation de l’acide pyruvique; en son absence, ce corps s’accumule dans les cellules.

La Riboflavine (ou vitamine B,). Entrant dans la constitution du corps jaune de Warburg, elle agit dans les phénomènes d’oxydo-réduction. Tous les insectes qui ont été étudiés : Coléoptères, Diptères, Moustiques, Orthoptères ont besoin de Riboflavine; seules quelques espèces de Coléoptères, pour- vues de symbiotes, peuvent en être privées; ce sont les Lasioderma et les Silvanns.

L ’Amide nieolinique. Appartenant au groupement prosthé- tique des déshydrogénases, il serait nécessaire dans la chaîne des réactions d’utilisation des protéines.

80

SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX

4" Pyridoxine. Ce corps est, en qualité de phosphate, l’apo- enzyme des transaniinases. Cette vitamine est requise pai les insectes, excepté quand elle est synthétisée par des symbiotes.

Acide pantothé nique. Son absence empêche la punaise héma- tophage Triatoma infestons de pondre.

Biotine. Intervenant dans les mécanismes de dégradation des glucides, elle a une nette action stimulante sur la croissance des vers de farine (Tenehrio molitor) .

1“ Acide folique. Il est essentiel pour la croissance du Tribo- lium, d’Epheslia et Tenehrio; la formation de la pupe du moustique Aedes Aeqypti est sous sa dépendance.

Parmi les substances essentielles, solubles dans les (/caisses, le rôle prépondérant revient au cholestérol. Les stérols végétaux peuvent être utilisés aussi bien que les stérols animaux, sauf pour quelques insectes (exemple : le Dermestes).

Vitamine A et vitamine I) n’ont aucun rôle connu.

Mais si la croissance des insectes exige, comme celle des animaux supérieurs, des vitamines, les exigences peuvent différer dans un même groupe.

En résumé, certaines vitamines sont nécessaires aux insectes comme aux vertébrés, mais leur carence n’entraîne pas les mêmes troubles. Certains facteurs nécessaires aux vertébrés ne le sont plus quand il s’agit d’insectes, souvent parce que certains insectes sont pourvus de symbiotes synthétisant quelques vitamines. Toutefois, tous les facteurs nécessaires à la croissance des insectes ne sont pas encore connus.

Séance inaugurale du 6 février 1960

Présidence de M. te Professeur P. Dangeard, Président.

Exposés. En présence d’un public nombreux, les trois exposés suivants, accompagnés de projections, ont été entendus :

MM. .lui. lus et Vigneaux : Les phases marines du Burdigalien aquitain.

MM. Davant et Lahargue : Migrations et baguage des oiseaux. - Incidences locales d’un hiver exceptionnellement rigoureux (janvier 1960).

M, Laurie : Les champignons, source de médicaments,

PROCÈS-VERBAUX

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Les phases marines du Burdigalien aquitain

par Charles Julius et Michel Vigneaux

Le Miocène inférieur est depuis longtemps connu en Aquitaine par de nombreux affleurements, localisés principalement le long des vallées des ruisseaux. C’est parmi les gisements du Bordelais que Depéret choisit, en 1892, le stratotype du Burdigalien. Os gisements, devenus classiques depuis lors, et notamment ceux de Sauçais (Pont-Pourquey) , Cestas (Pré-Cazeaux) et Léognan (Le Coquillat), sont en fait des surfaces discontinues et de très faibles étendues, plus ou moins altérées par les phénomènes atmosphé- riques, qu’il est très difficile de relier avec certitude. Les variations lithologiques et faunistiques constatées dans ces gisements, tant par les auteurs anciens que par les modernes, ont conduit à dos conclusions opposées. Kn effet, l’étude exclusive des affleurements ne fournit que des renseignements fragmentaires qu’il est prati- quement impossible d’interpréter correctement du fait que ces gisements, généralement éloignés les uns des autres, ne repré- sentent que de courts épisodes de la sédimentation burdigalienne.

Ainsi, dans le cas précis du Burdigalien, les données fournies actuellement par un certain nombre de forages implantés dans le Bordelais s’avèrent particulièrement intéressantes. Elles permet- tent : d'une part, d’obtenir une succession continue des terrains traversés, avec la superposition exacte des différents faciès; d’autre part, d’après ces diverses successions, de relier les gisements burdi- galiens, épars en Aquitaine, à un faciès comparable et bien localisé stratigraphiquement dans une série fournie par les forages. Il devient alors possible de déterminer les relations mutuelles des différents gisements. L’étude du Burdigalien de trois puits permet, en particulier maintenant, d’apporter quelques précisions à ce sujet, (je sont les forages de Saucats et de Cestas (bourg) en Gironde et celui d’Arjuzanx près de Moreenx dans les Landes, qui ont révélé l’existence de trois phases de sédimentation marine superposées dans le Burdigalien G).

Phase marine inférieure

Cette phase, représentée dans les trois puits étudiés, comprend les dépôts de la partie basale du Burdigalien. Elle est formée de sédiments assez hétérogènes dont la puissance varie avec le forage

(1) 1959, Charles Julius : La Paléontologie comparée des Foramini- fères dans l’interprétation des faciès du Burdigalien aquitain. Thèse de J" Cycle d’Enseignement Supérieur, Faculté des Sciences, Bordeaux, 188 p., 19 pl.

88

SOCIÉTÉ LINNÉENNE OE BORDEAUX

considéré. A Cestas (bourg), entre 39,00 in et 47 m de profondeur, sur une épaisseur de 7 m environ, ce sont des calcaires gréseux mélangés de petits gravillons siliceux. En Arjuzanx, il s’agit de sables argileux, coquilliers, au sommet passant à des calcaires gréseux à la base. C’est dans ce forage que la phase marine infé- rieure est la plus épaisse. D’une puissance de 30 m, elle est comprise entre 170 et 200 m de profondeur. A Saucats, entre 20 m et 33 m de profondeur, soit une épaisseur de 7 m, ce sont des calcaires détritiques mélangés de gravillons siliceux. La micro- faune de Foraminifères de cette phase est relativement riche. Elle est essentiellement constituée de formes littorales. Les plus inté- ressantes sont : Nonion dollfusi Cushman, Rolalia burdigalensis d’Orbigny formes abondantes, Nonion laeve d’Orbignv var. sau- catsensis Julius, commune, Bolivinella folia Parker et Jones, Bolivinella folia Parker et Jones var. o mata Cushman et Bolivinella virgata Cushman, rares.

La lithologie et surtout la faune indiquent un caractère marin franc, les sédiments s’étant déposés dans la zone littorale à une certaine distance de la ligne de rivage. Le gisement de Cestas (Pré- Cazeaux), par ses caractères sédimentaires, représente cette phase marine inférieure à l'afllcurement.

Phase marine moyenne

Cette phase ne se rencontre que dans le forage d’Arjuzanx, sur une épaisseur de 28 m, entre 142 et 170 m de profondeur. Elle comprend tous les dépôts de la partie moyenne du Burdigalien et est formée de grès calcaires à grain assez fin. La microfaune riche se caractérise par la brusque apparition de genres et d’espèces nouvelles à affinités néritiques. Les formes les plus typi- ques sont : Bobulus inlermedius d’Orbigny, Robulus auslriacus d’Orbigny, Robulus eullralus Montfort, Robulus vasconiensis Julius, Robulus sp. 1, Robulus sp. 2, Dendritina haueri d’Orbigny, Cera- lobulimina hauerii d’Orbigny, Amphimorphina haueriana Neuge- boren, Nonion pompilioïdes Fichtel et Moll, Gyroidina soldanii d’Orbigny, Eponides antillarum d’Orbigny, Pseudopolymorphina magna Julius, Pseudopolymorphina subtorluosa Julius. Ces quatorze espèces sont typiques de la phase marine moyenne. Elles n’ont pas été rencontrées dans les autres phases. D’autres formes, pré- sentes par ailleurs dans tout le Burdigalien, prennent ici une plus grande importance numérique. Ce sont surtout : Uvigerina urnula d’Orbigny et Ilopkinsina bononiensis Eornasini. L’abondance rela- tive de ces differentes espèces, liée à la pauvreté en Cibicides et Miliolidae, permet d’affirmer que les sédiments calcaréo-gréseux de cette phase marine moyenne se sont formés dans la zone néritique peu profonde,

PROCÈS-VERBAUX

80

Par sa faune, le falun du Coquillat à Léognan semble se rapporter assez bien à cette phase marine moyenne.

Plume marine supérieure

La phase marine supérieure représentée dans les trois puits étudiés comprend les dépôts cjui couronnent le Burdigalien. Elle est formée de sédiments assez homogènes. A ('estas (bourg), entre 32,20 et 39,00 m de profondeur, sur une épaisseur d’environ 7 m, ce sont des sables coquilliers à grains assez grossiers mélangés à du calcaire gréseux. En Arjuzanx, les sédiments sont à peu près comparables à ceux de ('.estas (bourg), mais ils sont plus épais. Compris entre 90 et 142 m de profondeur, ils ont ici une épaisseur de 43 m. A Saucats, entre 14,30 et 20 m, sur une épaisseur d’environ 11 m, il s’agit surtout de sables coquilliers plus ou moins chargés de glauconie. Ici, comme dans le cas de la phase marine inférieure, c’est en Arjuzanx que les dépôts sont les plus épais. La microfaune de Foraminifèrcs, dans cette phase, est un peu moins riche que celle de la phase inférieure. L’espèce la plus caractéristique est Nonion dollfusi Cushman var. cestasensis Julius. Le reste de la faune est surtout composé de nombreux Cibicides, Hotalidae et Miliolidae. Toutes ces formes à affinités côtières, de même que la lithologie assez grossière, semblent indiquer que les sédiments de cette zone se sont constitués dans la région côtière. Par sa lithologie et par sa faune, le gisement de Saucats (Pont-Pourquey) doit se placer dans la phase marine supérieure.

11 ressort de l’ensemble des observations précédentes que le Bur- digalien a un net caractère marin. La succession la plus complète a été rencontrée dans la région d’Arjuzanx (présence des trois phases), qui était relativement éloignée de la ligne du rivage. A Cestas, et surtout à Saucats, la plus grande proximité des côtes fait que la phase marine moyenne relativement profonde a disparu. 11 n’y a plus alors que les deux autres phases nettement plus litto- rales. En outre, grâce aux forages, nous avons pu replacer les gisements dans la succession sédimentaire continue du Burdigalien, ce qui semble montrer qu’il n’est pas nécessaire de faire inter- venir des âges géologiques (Burdigalien inf., moyen et sup.) pour expliquer les différences présentées par ces affleurements. Les formations burdigaliennes ne semblent donc évoluer que flans une mer unique en relation avec des modes de sédimentation différents.

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SOCIÉTÉ UNNÉENNE DE BORDEAUX

Migrations et baguage des oiseaux Incidences locales

d’un hiver exceptionnement rigoureux (janvier 1960)

par P. Davant et J. Lahargue

Quand, le 1" janvier, le froid et la neige ont sévi subitement en Gironde, le nombre des oiseaux a considérablement augmenté. Fuyant ce froid et cette neige qui les chassaient de régions encore moins hospitalières mais jusque favorisées par un temps plus clément, ils arrivèrent par bandes plus ou moins nombreuses, se posèrent épuisés n’importe où. Leur faiblesse éveilla sans doute la convoitise de chasseurs sans scrupules qui firent, malgré les lois, des hécatombes honteuses, incita des malheureux à profiter de l’aubaine, mais elle apitoya bien des gens qui transformèrent cuisine et garage en refuges réparateurs. Cette vague de froid, cette invasion insolite fournissent une occasion dont il faut profiter, d’attirer l’attention des amis des oiseaux sur le problème passion- nant des migrations, et de leur permettre d’apporter une modeste et facile contribution à son étude.

Les hirondelles qui se rassemblent sur les fils électriques et disparaissent, le départ légendaire des cigognes qui quittent tous les ans leurs nids de la vallée du Rhin, les vols d’oies et de grues qui s’observent couramment au printemps et à l’automne, les palombières au sol et dans les arbres les chasseurs attendent avec leurs appelants le passage des palombes, la raréfaction des petits oiseaux quand approche la mauvaise saison, sont autant de faits qui montrent qu’avant l’hiver bien des oiseaux changent de lieu de résidence. Aux premiers beaux jours, des vols de passage traversent notre ciel, nos buissons, nos forêts se peuplent de nouveau.

C’est à ces déplacements « aller et retour» liés aux saisons, que l’on donne le nom de « migrations », les termes de ces voyages étant d’une part la région ces oiseaux migrateurs font leurs nids, se reproduisent, élèvent leurs petits au printemps et en été (on l’appelle à tort la « patrie»), d’autre part la région ils se retirent pour passer la mauvaise saison (c’est la zone d’hivernage).

Ces deux zones peuvent être très éloignées l’une de l’autre, donnant lieu à des migrations spectaculaires du Nord de notre hémisphère aux régions tropicales ou équatoriales, ou plus proches, du Nord de l’Europe à la région méditerranéenne, plus tempérée; elles peuvent être contiguës, parfois intriquées plus ou moins. Cela permet de distinguer, parmi les oiseaux, les vrais migrateurs des migrateurs partiels. Certaines espèces ne quittent pas leur zone de nidification; mais alors qu’en période de reproduction les individus sont stables, occupant un territoire bien défini, en

PROCES- VER BAUX

01

dehors de cette période ils se déplacent à l’intérieur de la zone occupée par l’espèce, effectuent des parcours irréguliers, variables en amplitude et en direction : ce sont les erratiques. Enfin, très rares sont les oiseaux qui restent constamment à l’endroit ils nichent : ce sont les sédentaires. (A ces trois dernières catégories appartenaient les victimes de la baisse soudaine de température et des chutes de neige l’accompagnant.)

Cette distinction en migrateurs, migrateurs partiels, erratiques et sédentaires n’a rien de systématique, car dans une même espèce s observent des races géographiques très différentes quant à leur migration : telle espèce migrante en Europe orientale ne fera que des migrations partielles en Europe occidentale; des variations individuelles se présentent, en outre, pour des raisons inconnues : ediez les grands migrateurs, comme les hirondelles, les cigognes, des individus échappent a la règle générale de l’espèce et hivernent au lieu de nidification.

Cette grande variabilité se retrouve dans tout ce (pii a trait aux migrations et déroute l’observateur cpii s’intéresse à ces déplace- ments. Tel oiseau, comme le martinet, quittera son aire de nidifi- cation en août, quand la saison est encore belle, tel autre traversera encore notre région en novembre. Telle espèce voyagera en forma- tions organisées de peu d’individus (les grues), telle autre (les hiron-

delles) en bandes innombrables, obéissant comme à un signal. Certaines, qui se montraient sauvages et jalouses de leur indivi- dualité, se rassembleront en bandes hétérogènes groupant plusieurs espèces différentes devenues sociables pour le voyage; d’autres disparaîtront sans que l’on s’en rende compte, individu par indi- vidu. Quant à l’itinéraire suivi, il emprunte pour les uns des voies bien précises, localisées, tandis que pour les autres elles sont beaucoup moins bien définies; la direction de ces itinéraires varie elle aussi selon les espèces, et le déplacement s’accomplit soit de jour, soit de nuit, d’une traite ou par étapes. Enfin, augmentant encore la complexité, des vols importants d’oiseaux peuvent se manifester en dehors des périodes normales de migration, effectués par des espèces qui ne sont pas considérées habituellement comme migratrices; c’est ce que l’on a observé au mois de janvier, en liaison avec un hiver anormalement rigoureux, mais c’est ce que l'on a observé aussi l’été dernier (1959), en particulier dans notre région pour un passereau : le bec-croisé. Se nourrissant de graines de conifères (épicéa plus spécialement), cet oiseau vit dans les forêts de conifères des pays nordiques. Il est plus ou moins erra- tique, mais il lui arrive de quitter sa patrie pour envahir des pays parfois très éloignés il s’installe pendant quelque temps et d’où il disparaît discrètement, sans vol de retour spectaculaire. Dans son cas, que l’on ne peut considérer comme une migration, on préfère parler d’invasion; la dernière invasion signalée en France, pour le bec-croisé, remonte à 1953. Quelques espèces sont connues pour se livrer à de telles invasions.

02

SOCIÉTÉ LINNÉKNNE DE BORDEAUX

Pour essayer de voir clair dans un tel désordre, une telle diver- sité, les observations locales faites par les chasseurs, les naturalistes sur le terrain, les examens des collections ornithologiques locales ont une valeur qui ne doit pas être négligée, mais ne peuvent suffire. Les oiseaux qui passent en Gironde viennent-ils de Hollande, d’Allemagne, du Nord de la Finlande, ou plus modestement du Nord de la France ? Vont-ils en Espagne, en Afrique du Nord, poussent-ils jusqu’en Afrique équatoriale ou s’arrêtent-ils au Pays basque ou dans les Landes ?

Ces questions méritent d’être posées et résolues avant d’autres plus délicates : pourquoi les oiseaux migrent, qu’est-ce qui les pousse à quitter leur « patrie » et à y revenir, comment peuvent- ils accomplir leur voyage, suivre la direction voulue, retrouver la région, voire le nid quittés quelques mois auparavant ? Le « pour- quoi », le « comment » des migrations mettent en jeu des problèmes physiologiques, pyschophysiologiques difficiles à résoudre, cl l'on doit pour le moment se contenter d’hypothèses plus ou moins satisfaisantes qui laissent en place bien des points d’interrogation. D’où viennent les oiseaux, vont-ils et plus spécialement d’où venaient, allaient ceux qui se sont arrêtés chez nous cet hiver ? Il est possible d’en avoir une idée sûre grâce à une technique simple, vieille maintenant de plus d’un demi-siècle : le baguage.

1. LE HAGUAGE DES OISEAUX

L’idée de marquer les oiseaux est ancienne, mais ce n’est qu’en 1890 qu’elle fut mise au point, systématisée, codifiée par le Danois Christian Mortensen. C’est lui qui utilisa des bagues légères en aluminium portant un numéro et une inscription tels que l’oiseau bagué tué, trouvé mort ou capturé vivant, la bague puisse revenir à celui qui l’avait mise en place et être identifiée par lui (fig. 1 et 2).

C’est ce procédé du baguage qui est toujours utilisé et apporte des renseignements précieux aux ornithologistes travaillant en colla- boration. Les migrations ignorant les frontières, les résultats du baguage ne prennent de l’intérêt que si celui-ci est entrepris sur le plan international, s’il y a coordination entre les différents pays, même les divers continents.

Dans chaque pays, le travail est organisé et dirigé par un (ou plusieurs) Centre (l’Etude des Oiseaux qui fabrique et distribue les bagues (fig. 8), reçoit les bagues récupérées quelle que soit leur origine, centralise la documentation, échange les renseignements avec les Centres étrangers, forme des spécialistes et leur fournit les moyens de collaborer efficacement. Si les recherches ornithologiques sont très poussées en Allemagne, Grande-Bretagne, Pays Scandi- naves, IL S. A., elles sont très en retard en France l’organisme qui en est chargé n’existe en fait que depuis 1954 : c’est le

C. H. M. M. O. (Centre de Recherches sur les Migrations des Main-

l’ROCÈS-VERBAUX

93

mifèrcs et des Oiseaux) rattaehé au Muséum, les premiers essais faits par Bourdeliæ pour créer un centre spécialisé remontant en 1929.

La technique du baguage exige donc trois phases, deux sur le terrain : la mise en place des « marques» par des spécialistes agréés, la récupération de ces marques au hasard des captures; la troisième administrative, effectuée par les Centres eux-mêmes : rassemblement des fiches de tous les oiseaux bagués sur le terri-

fie. 1.

Fig. 2.

toire correspondant depuis la création du Centre, rassemblement des bagues trouvées suivi de la transmission au Centre étranger émetteur, le cas échéant, lequel répond en échange en envoyant les renseignements correspondants sur la mise en place de ces bagues, la date, le lieu, etc. (modèles reproduits pp. 94 et 101). Chaque Centre recueille ainsi et accumule une documentation considérable qui est ensuite dépouillée, utilisée, interprétée par les spécialistes. C’est ainsi qu’en 1958 la France possédait 150 000 fiches, mais la seule station allemande de Rossiten en avait 2 millions dans ses archives.

SOCIÉTÉ LINNEENNE DE U0RDEAUX

04

£

Turdus pilaris

BAGUE :

5 QWf.rm MAI) An lANI 83572

LIEU de BUDAPEST VAROSLIGET

BAGUAGE 47o3I N/ u 190Q6 £

Bfi

LIEU DE BORDEAUX 44°50 N/ 0°34 W

reprise ( Gi ronde)

bagué

signalé sous le nom grive Ütorne

par

conditions de reprise trouvé mort»

temps

pnrVx Perrou, 7 rue Kyrié, Bordeaux

distance I5bc Rn.

tr par Sud (\iest

observations

DATE DE BAGUAGE : 17 JANVIER 1959

DATE DE REPRISE

21 JANVIER I960

Avec les remerciements du C.R.M.M.O.. MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE SS. Rue de Buffon - PARIS (V')

Exemplaire pour le bagueur Copy (or the ringer

Mo4 S Paru. I. A I (H-Ko rt U

Fiche - réponse envoyée par le Centre National au bagueur ou à «l’informateur» qui lui a transmis une bague récupérée.

A. Mise en place des « marques »

Si les bagues placées sans trop serrer sur le tarse sont les marques les plus utilisées, dans certains cas on peut aussi employer agrafes (aile) ou peinture.

Le marquage est réalisé par des collaborateurs bénévoles du Centre National, chasseurs désintéressés ou naturalistes dont la connaissance des oiseaux est reconnue; ce personnel est muni d’une autorisation spéciale (carte de « bagueur ») lui permettant de cap- turer les oiseaux vivants en tout temps, même en dehors des périodes la chasse est autorisée. Les captures se font soit au nid, pour les jeunes, soit par piégeage pour les adultes (pantes, filets verticaux dits «japonais», filets «canon»), parfois des drogues sont employées pour les grands oiseaux dont la capture est diffi- cile. II existe dans certains pays des stations fixes de baguage, parfois équipées d’un matériel très important spécialement étudié; la plus importante est celle d’Helgoland, pour l’Allemagne. De telles stations servent aussi à la formation des bagueurs. En France, il en existe une, modeste mais efficace grâce à la ténacité du personnel du C. H. M. M. O., dont le Directeur est M. Etciiecopar; elle est installée sur l’île d’Oucssant et tous les étés sont organisés (sous la dynamique et compétente direction de M. Julien) des stages de baguage ouverts à tous ceux qui aiment la nature et les

oiseaux.

PROC ES- VER HA U X

95

La progression du nombre des oiseaux bagués au cours de ees stages d’Oucssant, depuis leur création, montre que les efforts des

organisateurs

ne sont pas vains :

Stages

1955

451 oiseaux bagués

1950

494

1957

1 290

1958

2 391

1959

2 750

représentant

une centaine d’espèces.

(-haque bagueur est tenu de remplir des imprimés sur lesquels sont portés, à côté des numéros des bagues mises en place, la date, le nom précis de l’oiseau bagué, son sexe, son âge (jeune, imma- ture, adulte), le lieu et, si nécessaire, quelques observations complé- mentaires. Ces listes sont transmises directement, ou par l’inter- médiaire des centres régionaux (Biarritz pour notre région), au Centre National.

B. Récupération des bagues

Hile est, bien sûr, très aléatoire. Par qui est-elle faite ?

Par les bagueurs eux-mêmes; parmi les oiseaux qu’ils captu- rent, certains peuvent avoir été déjà bagués. Le cas est alors très intéressant, car ces oiseaux sont relâchés et continuent leur migra- tion, risquant d’être à nouveau capturés par la suite; à Ouessant, sur les 4 (500 oiseaux capturés de 1951 à 1958, 18 étaient déjà bagués.

Par les chasseurs au fusil ou aux filets.

Par des promeneurs, des cultivateurs, après mort naturelle.

Mais récupérer une bague n'a d’intérêt que si le numéro porté par celle-ci parvient au service compétent. Cela demande une éducation de la population, qui reste à faire chez nous.

Le pourcentage des reprises est très faillie : on évalue que, suivant les espèces, 8 à 15 CA des bagues portées par du gibier sont récupérées, tandis que pour celles placées sur des oiseaux non chassés, les pourcentages tombent, oscillant entre 2 Vc à 1 p. 1 1)01). Ainsi, sur les 4 000 bagues mises à Ouessant de 1951 à 1958 (surtout petits passereaux), 11 seulement sont revenues au C. R. M. M. O. après captures soit en France, soit à l’étranger.

Toute bague trouvée devrait parvenir à un responsable départe- mental ou local qui établit une fiche de capture ou avis de reprise indiquant le numéro de la bague, le nom de l’oiseau, la date, le lieu, les conditions de la capture, transmet au Centre National qui, si la bague est d’origine étrangère, en informe à son tour le Centre émetteur intéressé.

Le rendement ne peut être qu’infime, mais il faudrait essayer de l’améliorer en évitant que des bagues récupérées soient cependant perdues par ignorance. Des campagnes de presse, des articles dans

7

06

Société linnéenne de fiotiDÈAUX

les revues de vulgarisation, des afïiches devraient attirer l’attention de tous ceux qui, sans effort, pourraient devenir îles auxiliaires précieux.

Une vague de froid connue celle que nous venons de subir est une occasion inespérée, dont il ne faut lias manquer de profiter. Les appels parus dans la presse prouvent qu’au moins, dans ces circonstances inhabituelles, les lecteurs sont réceptifs et que des directives sont les bienvenues. (Nous ne saurions trop remercier M. Achéritéguy de la spontanéité avec laquelle il a déclenché, dans le journal Sud-Ouest, la campagne pour la protection des oiseaux affaiblis et la récupération et la transmission des bagues.)

II. QUELQUES APPORTS DUS AU RAGUAGE DANS LA CONNAISSANCE DES OISEAUX

Outre la route des migrations, le baguage a permis de résoudre certains problèmes, de répondre à certaines questions que nous nous contentons de citer :

Vitesse en vol. 200 km à l’aller, 400 au retour par jour pour les cigognes.

Influence de l’âge sur l’instinct migrateur. - C’est le baguage qui a permis de savoir que si la chouette Effraie peut être consi- dérée comme sédentaire, ses jeunes peuvent s’éloigner du nid de plus de 700 km.

Longévité des oiseaux. Une hirondelle a été reprise seize ans après avoir été baguée; un héron, vingt ans; un goéland, vingt- six ans; une mésange, six ans; un étourneau, neuf ans; ces chiffres sont peut-être exceptionnels mais n’en sont pas moins intéressants.

Distance entre nid et lieu de chasse. Un Pufïîn, bagué en Angleterre en train de nicher, donc en dehors de tout déplacement migratoire, le 15 avril 1058, a été repris à Rordeaux le 5 juin suivant.

Fidélité ou infidélité au lieu de naissance. La deuxième étant probablement liée à des mariages, sur les lieux d’hivernage, avec des oiseaux d’une autre région : hirondelle baguée en Angle- terre, retrouvée en Norvège; Col-vert bagué aussi en Angleterre et retrouvé en Pologne.

Fidélité conjugale, longévité des couples étudiées grâce â des bagues colorées visibles â la jumelle sans qu’il soit besoin de capturer les oiseaux, autant de renseignements dus aux fiches soigneusement remplies, rigoureusement classées dans les Centres, échangées d’un pays à l’autre.

Enfin, c’est le baguage qui va permettre d’aborder expérimen- talement et non plus par de simples observations le mystère encore entier des migrations.

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Fig. 3.

Quelques éehantillons de bagues reçues.

SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE IJOHDEAUX

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III. CAPTURES EFFECTUÉES DANS LA RÉGION EN JANVIER 1960

Si quelques bagues recueillies nous étaient signalées avant que nous ne lancions un appel dans les journaux locaux, leur nombre a relativement augmenté ensuite. La plupart des réponses venaient du département, certaines des départements limitrophes (Charente- Maritime, Lot-et-Garonne, Landes).

Le bilan des bagues récupérées est le suivant, arrêté au 5 février :

102 bagues provenant de 14 stations européennes, portées par 25 espèces différentes, trouvées dans 46 communes.

Le tableau suivant donne le détail de ces captures.

La carte des communes elles ont été effectuées, surtout dans les vallées de la Garonne et de la Gironde, correspond aux obser- vations faites sur la direction des oiseaux en vol dans les environs : la plupart de ces vols étaient orientés vers le Sud-Est. Quelques captures non mentionnées sur le tableau, hors du département, en Charente-Maritime et dans les Landes, s’ajoutant aux captures faites sur le Bassin d’Arcachon, montrent que d’autres vols, suivant le littoral, empruntaient une direction Nord-Sud.

Mais plus intéressantes encore ont été les captures d’oiseaux vivants, facilitées par l’épuisement au froid et au manque de nourriture. Un certain nombre de ces oiseaux, dont certains avaient été hébergés et revigorés durant plusieurs jours par des personnes compatissant à leur détresse, ont pu être bagués avant de recouvrer la liberté.

L’un de nous (R.l).), grâce à ses installations de pailles à Ga/.inct, a pu placer 107 bagues, tandis que, parmi les oiseaux recueillis, 3 étaient bagués à Eysines, 40 à Ambês, 13 à Cars et Rlaye.

7 oiseaux déjà bagués ont pu reprendre leur vol. L’un de ceux-ci, un pinson, ainsi qu’en témoigne la fiche ci-après (p. 101) aurait parcouru 2 430 km (U.

Ces chiffres auraient pu être beaucoup plus importants si nous avions pu répondre à tous les appels, mais le manque de temps et les distances trop grandes ont fait que beaucoup d’oiseaux ont été relâchés sans que nous puissions nous en occuper. Néanmoins, si modestes qu’ils soient, les résultats de cette campagne exception- nelle méritaient d’être signalés, ne serait-ce que pour remercier tous ceux qui, en nous répondant, ont collaboré à une entreprise scien- tifique qui ne peut aboutir que parce qu’elle est mondiale et qu’elle compte sur l’aide de chacun.

(1 ) Kn supposant un parcours en ligne droite, ce qui est rare.

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SOCIÉTÉ LINNÉENNE DE BORDEAUX

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

Chopard (L.), Bertin (L.), Berlioz (J.) & Laurent (P.). Les migrations animales. Edit. Gallimard, 1942.

Dorst (J.). Les migrations des oiseaux. Edit. Payot, 1956.

Grasse (P.). Les oiseaux. Tome XV du Traité de Zoologie. Edit. Masson, 1950.

Peterson (K.). Guide des oiseaux d’Europe. Edit. Delachaux & Niestlé, 1957.

Penn Ar Beil Bulletin trimestriel de la Société pour l'Etude et In Protection de lu Sature en Bretagne.

Nota. - Les personnes qui désirent des renseignements sur le baguage et les stages d’Ouessant peuvent s'adresser au :

G. B. M. M. O.,

Muséum National d'Histoire Naturelle,

55, rue de BulYon - Paris (5°).

Les Champignons, sources de médicaments

par H. Laubie

Longtemps source très modeste de drogues secondaires, les champignons ont acquis depuis la dernière guerre une importance considérable. Nombreux sont ceux qui se montrent capables d’effec- tuer des synthèses partielles asymétriques et sont utilisés à ce titre dans la recherche et l’industrie des médicaments. Il existe désor- mais des manuels de Mycologie industrielle qui dépassent largement l’étude des levures fermentaircs.

Claviceps purpurea fournit des substances de hase pour l’industrie pharmaceutique qui prépare à partir d’elles des drogues d’actions très diverses : ocytocique, parasympatholytique, hallucinogène.

Plus importantes encore, des Aspergillacées conduisent directement à des corps médicamenteux antibiotiques importants tels que les pénicillines et la griséofulvine. Cette dernière est remarquablement mycologique puisque, d’origine fongique, elle se montre active dans des mycoses végétales et humaines.

PROCÈS-VERBAUX

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Réunion du 5 mars 1960

Présidence de M. le Docteur A. Baudrimont, ancien Président.

Communications. M,ne M. SÉRONiE- Vivien : Macrofaune sénonienne en Aquitaine septentrionale.

M. Mespi.èoe : Sur quelques champignons habituellement con- fondus : Laclarius noie mus et L. riu/atus, liiissiilci queletii et /f. lornlosa.

Macrofaune sénonienne en Aquitaine septentrionale

par Micheline Séronie- Vivien

Au printemps 1 9.r>8 , de grands travaux ont été entrepris pour le compte de Gaz de France. Ils avaient pour but le creusement d’une tranchée de 2 m environ de profondeur, traversant le Bassin d’Aquitaine, de Lacq à Chazellc, prés d’Angoulême. Elle était destinée à recevoir des conduites de gros calibre pour le transport du gaz naturel vers le centre de la France.

Cette tranchée, de tracé à peu près rectiligne, a entamé des terrains d’âge varié. Seuls nous ont intéressé ceux du Sénonicn; ils ont été traversés de Saint-Vincent-Jalmoutiers, en Dordogne, au Pont a roux, en Charente.

L’étude complète et stratigraphique des formations sénoniennes rencontrées faisant l’objet d’une autre communication t1 > , le pré- sent travail est surtout paléontologique. L’ampleur des travaux effectués a permis, en effet, la récolte d’une macrofaune assez variée.

Les groupes paléontologiques seront examinés successivement, en comparant, pour chacun d’eux, les espèces récoltées avec celles citées dans les différents mémoires consacrés à cette région; ceci afin d’en reconnaître l’intérêt stratigraphique, écologique ou paléo- géographique.

BRACHIOPODES

C’est dans les niveaux du Coniacien supérieur et du Santonien inférieur qu’ils ont été récoltés.

Leur test est en général bien conservé. Cette conservation est due sans doute à une silicification.

Les espèces suivantes ont été déterminées :

Une forme à rapprocher de Terebratulo nanclasi Coq.;

Une forme à rapprocher de Terebratulina arnaudi Coq.;

(1) Soc, Géol. franç., séance du 7 mars 1960.

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SOCIÉTÉ EINNÉENNE DE BORDEAUX

Mais la plupart appartient au groupe de Rhynchonella vesperlilio d’Orb. :

Rhynchonella vesperlilio d’Orb. typique;

Rhynchonella ocloplicala d’Orb. que Mlle Face [5] ne considère que comme une variété de la précédente.

Stratigraphie :

Coquand considérait Rhynchonella vesperlilio comme abso- lument caractéristique du Santonien. Arnaud [1] et, après lui, de Grossouvre [7] ont fait remarquer qu’elle apparaît déjà dans le Coniacien.

Effectivement, si nous l’avons trouvée en abondance dans les affleurements santoniens, quelques spécimens ont été recueillis dans le Coniacien supérieur.

Quant à Rhynchonella ocloplicala, citée du Turonien et du Campanien, elle a été trouvée ici dans le Coniacien supérieur.

COELENTERES

Quelques beaux échantillons de Cyclolites ont été récoltés dans les couches maëstrichticnnes.

ECHINODERMES

Dans la presque totalité des calcaires échantillonnés, l’étude micrographique a révélé la présence de nombreux fragments de tests d’Echinodermes, souvent très roulés et réduits à l’état de gravelles. Par contre, la récolte de tests entiers d’oursins s’est faite presque uniquement dans les terrains santoniens.

Les formes suivantes ont été reconnues :

Orlhopsis miliaris Gott.;

Cyphosoma magnificum Aoas.;

Cyphosoma microliiberculatiim Gott.

Quelques échantillons du Campanien n’ont pu être déterminés spécifiquement. Ils sont du genre Micraster.

Stratigraphie :

Ces Echinodermes n’ont pas une très grande valeur strati- graphique.

Arnaud [1] signale Orlhopsis miliaris pour sa remarquable extension verticale.

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